Cette sortie de fin de saison avait pour objectif de présenter aux participants les espèces tardives et de leur faire apprécier la diversité des odonates sur un site tout au long de la belle saison…
Nous retrouvons donc Blyes, son prieuré, le ru du Ga et la lône du Planet… Nous sommes en effectif limité : Marjorie, Marie-Claude et Bernard, Pierre et moi… Mais qu’importe…
L’air est bien frais et le soleil peine à réchauffer les rives ombragées du ru du Ga (le ruisseau du Gué, étrangement orthographié Gua sur la carte et sur les panneaux)…
Les Agrions de Mercure se sont éteints, leurs œufs ont sans doute déjà éclos parmi les plantes qui s’enracinent au fond de l’eau, et les larves, minuscules ont commencé leur brève existence…
Un Cordulegaster boltonii patrouille encore… Deux Aeshna cyanea, la magnifique Aeschne bleue parcourent le ruisseau… Une femelle pond, le plus discrètement possible pour échapper aux ardeurs des mâles… Heureusement, les Caloptéryx des deux espèces courantes folâtrent et sont encore abondants. Mais Chalcolestes viridis est certainement l’espèce la plus courante, et l’on ne compte pas les tandems, les cœurs copulatoires, les femelles qui cherchent une branche au-dessus de l’eau pour pondre…
Un autre Leste, Sympecma fusca, dont nous avons parlé par ailleurs sur ce site [1], est bien présent lui aussi, souvent assez fraîchement émergé… Cette espèce va profiter du soleil d’automne pour chercher un gîte abrité, souvent loin de l’eau, pour passer l’hiver, tranquillement, à l’abri de branchages ou sous la litière… On apercevra un Orthétrum, probablement O.brunneum, trop véloce pour se laisser capturer et même simplement observer.
La lône du Planet a pris ses couleurs d’automne… Les eaux sont plus chargées, moins transparentes et les nénufars ont perdu leurs coupelles jaunes. Un groupe de pêcheurs vaque sur une barque, on verra même un brochet tapi dans les herbes, bien trop gros pour craindre les Martins pêcheurs qui zèbrent l’air de traits d’azur accompagnés de trilles délicats…
Un beau mâle d’Anax imperator inspecte encore son territoire tandis que de nombreux Ischnura elegans volettent dans les herbes de la rive. Plusieurs couples de Sympetrum striolatum, une de nos espèces les plus tardives s’affairent : tandems, accouplements, pontes… Nous rencontrerons aussi un magnifique (et ce ne sera que le premier de la journée) Grand mars changeant Apatura iris, profitant d’un rocher pour reprendre un peu de vigueur…
Dans la ripisylve, peu d’activité… Les oiseaux sont peu diserts, et seules quelques rares libellules croisent nos regards…
Quand aux grèves de la rivière d’Ain, si elles accueillent quelques pêcheurs et quelques baigneurs, nous n’y rencontrerons aucune nouvelle espèce sinon Sympetrum sanguineum. Pourtant, nous passerons quelques temps à surveiller les tombées, ces zones ou le lit en légère déclivité forme des petits rapides sur le fond de graviers. On y attendrait au moins un Onychogomphus forcipatus… Pour moi qui reviens des bords de la Loire, j’espérais secrètement y rencontrer une libellule bien plus rare, encore jamais vue sur le bassin du Rhône… mais, bon, notre rivière aux pierres précieuses n’est pas le Gave de Pau !
Le retour par les pelouses sèches ne nous offrira pas de nouvelles rencontres avec les filles de l’air, mais simplement de bien belles échappées sur la steppe aux couleurs de l’automne…
De retour au bord de la lône, le pique nique sera un instant privilégié de calme et d’échanges…
Dans l’après midi, nous tenterons d’apercevoir quelques oiseaux venus du sud, mais aucun d’eux ne se laissera observer… Nous prenons donc les chemins qui conduisent de Saint Maurice de Gourdans au confluent de l’Ain et du Rhône. Beaucoup de voitures garées laissent penser à une foule de baigneurs et, malgré les panneaux, de nudistes… Ces derniers étant en général suspicieux envers tout naturaliste équipé de jumelles et d’appareils photo (il y a pourtant un centre naturiste en face, à l’abri des regards, et tout à fait légal !), nous nous efforcerons de prospecter les lônes les plus reculées… Mais le confluent est une zone en perpétuelle activité… hydraulique ! Et il est difficile de s’y repérer même lorsque l’on dispose d’une carte récente ! Aussi nous retrouverons nous au bord de la rivière, près des nudistes que nous voulions éviter ainsi que leurs quolibets voire leurs projectiles ! Mais pas d’anicroches, nous retournons dans les fourrés ! Nous ne verrons pas d’espèces nouvelles, tout juste beaucoup de Sympétrums dans les buissons de buddléias. Pas de quoi nous arrêter beaucoup plus longtemps… Nous sonnons donc la retraite sous un franc soleil et une chaleur enfin estivale… Sur le chemin, Pierre nous arrête pour contempler la chenille d’un Gâte-bois, Cossus cossus, d’une taille impressionnante, près de 10cm. Dérangée et manipulée, elle se mit à mordre son tortionnaire et à répandre une forte odeur d’acide pyroligneux (vinaigre de bois) que les mycologues connaissent bien, celle d’Hygrophorus cossus.
Lieu | Espèce |
---|---|
Blyes ru du Ga | Aeshna cyanea |
Blyes ru du Ga | Calopteryx splendens |
Blyes ru du Ga | Calopteryx virgo |
Blyes ru du Ga | Chalcolestes viridis |
Blyes ru du Ga | Cordulegaster boltonii |
Blyes ru du Ga | Orthetrum sp. |
Blyes ru du Ga | Sympecma fusca |
Blyes lône du Planet | Anax imperator |
Blyes lône du Planet | Ischnura elegans |
Blyes lône du Planet | Platycnemis pennipes |
Blyes lône du Planet | Sympetrum striolatum |
Blyes ripisylve | Sympecma fusca |
Blyes ripisylve | Sympetrum striolatum |
Saint Jean de Niost lône aval du Planet | Sympetrum striolatum |
Saint Jean de Niost rivière d’Ain | Calopteryx splendens |
Saint Jean de Niost rivière d’Ain | Calopteryx virgo |
Saint Jean de Niost rivière d’Ain | Chalcolestes viridis |
Saint Jean de Niost rivière d’Ain | Sympecma fusca |
Saint Jean de Niost rivière d’Ain | Sympetrum sanguineum |
Saint Jean de Niost rivière d’Ain | Sympetrum striolatum |
St Maurice de Gourdans confluent Ain et Rhône | Sympetrum striolatum |
St Maurice de Gourdans confluent Ain et Rhône | Sympecma fusca |