Non, ce n’est pas le titre d’un roman noir….encore que, pour le faucon pélerin, on verra qu’il n’y a pas motif de se réjouir. Mais le grand rapace reprend simplement la place qu’il occupait autrefois, avant d’être quasiment éliminé par les « gestionnaires et protecteurs de la nature »que sont les porteurs de fusils". Heureusement, les connaissaces et mentalités ont évolué et les chasseurs, aujourd’hui, dans leur majorité, respectent la protection des rapaces imposée par la loi . Il y en a bien qui voudraient que l’on détruise à nouveau les Buses, le Faucon pélerin, l’Autour des palombes et les Busards … pour satisfaire quelques intérêts égoïstes locaux sans souci de l’état réel des espèces concernées…
Enfin, je m’égare un peu ; revenons au Grand Duc. Dans les années 70 on n’en signalait plus, dans l’Ain, qu’un seul couple survivant, dans le Bas Bugey . Plus tard, un individu fut retrouvé mort, près de Virieu le Grand. Plus tard encore , un autre fut découvert, mortellement empêtré dans des barbelés, par Georges Guillet, ancien vice président de la SNAA, au-dessus de Villebois. Il ya quelques années Régis et moi en découvrions un, tué par un véhicule, sur une route au bord du Suran . Petit à petit les observations du Hibou devenaient régulières, ici et là, dans les lieux escarpés .
L’explication de ce renouveau était à chercher dans des lâchers d’individus effectués dans les Vosges et le Jura suisse et dans un meilleur respect par les chasseurs.
On ne pourrait que s’en réjouir car le Grand duc a sa place dans les équilibres écologiques et parce que c’est un oiseau magnifique et impressionnant par sa taille . Quand son cri résonne dans les falaises, au crépuscule, c’est comme si la nature faisait entendre le cri sauvage qu’entendaient nos aïeux .
Aujourd’hui il occupe un certain nombre de falaises et c’est là que surgit un problème, celui du Faucon pélerin, qui lui aussi a failli disparaître et qui occupe les mêmes sites. Seulement, le prince de la nuit est aussi le prédateur du faucon dont il capture les jeunes quand ceux-ci s’agitent sur leur vire rocheuse, à la tombée de la nuit. Le hibou dérange les femelles en train de couver ou oblige les faucons à se rabattre, pour nicher, sur des zones plus exposées aux intempéries et où la survie des jeunes est problèmatique.
Vous allez dire que c’est dans l’ordre de la nature que les prédateurs soient limités par des super prédateurs . Oui, mais mais un autre élément entre en jeu : l’action de l’homme… Le Faucon pélerin a eu à subir et subit encore l’action stérilisante sur ses oeufs de produits comme les PCB qu’il ingurgite en même teps que des proies qui ont été contaminées quelquefois très loin du lieu de leur capture. Il a subi l’impact des porteurs de fusils, celui des trafiquants fauconniers qui venaient prélever dans les aires les oeufs ou les jeunes poussins. Tout cela semblait se calmer quand une nouvelle menace a surgi, qui s’amplifie chaque année : l’utilisation des falaises pour les loisirs : varappe, vol libre, via ferrata . Des arrêtés de protection de biotope ont été pris par la préfecture, à la demande de la FRAPNA, pour interdire d’accès ou de survol un certain nombre de ces falaises ; mais les plus belles, celles où s’étaient réfugiés les derniers faucons quand ils étaient menacés de disparition dans les années 70 , ont été, par erreur, abandonnées au tourisme .
Alors, le retour du Grand duc n’arrange pas une situation qui se dégrade. Sans doute faudrait-il protéger de nouvelles falaises. Certains pensent qu’il vaut mieux interdire l’accés, toute l’année, d’un certain nombre de parois. D’autres, dont l’équipe du spécialiste national du Pélerin : RJ Monneret, souhaitent que toutes les falaises soient interdites d’accès, mais seulement pendant un temps limité dans l’année, période de février à juin, qui couvre le temps des parades nuptiales et de l’élevage des jeunes jusqu’à leur envol. Le débat n’est pas tranché et surtout, il faudra reprendre à zéro toutes les négociations, qui furent parfois difficiles, avec les autres utilisateurs humains des falaises…
Cette année, en mai 2008, seuls 30% des sites à pélerins de la vallée de l’Ain recelaient des jeunes faucons …et ils ne se sont pas encore envolés… Alors, oui au Grand duc mais il faut absolument limiter l’impact de l’homme sur les falaises.
Jeune Pélerin, trouvé mort au pied de sa falaise natale (mai 2008) par RJ Monneret que je remercie pour les photos qui illustrent cet article.