Il y a quelques années on m’avait appelé pour « un petit rapace tout blanc » trouvé au pied d’un Epicéa sur la commune de St Denis les Bourg. Il s’agissait d’un poussin de Faucon crécerelle encore en duvet et qui avait chuté du nid qui se trouvait dans la partie supérieure du résineux, contre le tronc.
Bousculade entre jeunes dans l’aire ? envie de voyager ? conséquence d’une des nombreuses querelles de voisinage qui opposaient les faucons à une famille de Pies nichant à la cîme du même arbre ? Malgré mes efforts pour remettre l’oisillon à peine gros comme mes deux poings à une certaine hauteur dans l’Epicéa afin de le soustraire à l’appétit des chats ou chiens rôdant dans le secteur j’avais retrouvé le petit animal au sol, le lendemain, à moitié dévoré… Le couple des parents nichaient dans cet arbre depuis des années. Ensuite , peut être lassés des disputes avec les corvidés , ils occupèrent le château d’eau de l’usine Nexans où ils nichent encore aujourd’hui. Ces petits faucons ne dédaignent pas les constructions humaines pour élever leur progéniture, mais on les retrouve aussi dans les falaises ou dans les anciens nids de corvidés. Les portées sont, en général, assez nombreuses ( 5 ou 6 jeunes) mais, dans le cas précis qui nous intéresse, je ne leur ai jamais connu plus de 3 poussins. Peut être les capacités alimentaires du site ne sont elles pas optimales. Les rongeurs, campagnols surtout, y sont moins abondants que dans le Revermont où existent des années de pullulation au cours desquelles les prairies sont retournées comme par un labour, au grand dam des éleveurs qui y déversent ensuite des masses d’appâts traités aux anticoagulants, ce qui a pour conséquence d’éliminer une partie des rats (ce qui était recherché) mais aussi et surtout d’éliminer leurs prédateurs : Buses, Faucons crécerelles, Belettes, Milans royaux déjà au bord de l’extinction et parfois même aussi Renards, Sangliers et Lynx …D’où ensuite une nouvelle pullulation de rats dans les années suivantes…
Les agriculteurs feraient peut être mieux de s’inspirer de l’exemple suisse où, en cas de pullulation de campagnols, on laboure les prairies, ce qui a pour effet de diminuer les effectifs des rongeurs sans nuire à leurs prédateurs.
C’est l’emploi de pesticides qui constitue la plus grosse menace pour ce petit rapace pourtant autrefois si abondant partout . On le voit quelquefois, en hiver, perché sur les lampadaires qui dominent la rocade ouest de Bourg .IL vient sans doute s’y réchauffer tout en surveillant d’éventuelles proies , insensible au trafic routier de l’étage inférieur.
Merci à Françoise pour la photo d’une femelle de Crécerelle