Gaëtan Autuoro doit finir ce soir de nous exposer la dernière partie de son sujet sur les intoxications par les champignons. Moins de monde, seulement 12 personnes, il faut dire que les animations à la SNAA sont nombreuses pour ce mois de mai.
Tout d’abord, Gaëtan nous donne un complément d’information sur le petit reportage sur les morilles que nous avons pu voir (ou revoir) sur France 3 Rhône Alpes : la belle morille blonde filmée était dans doute (d’après l’expert Alain Petitjean) vieille de 15 à 20 jours, car il n’avait pas plu depuis un bon moment. Ce qui correspondrait, d’après Gaëtan, au 2ème jour de la lune ascendante. De là à supposer que toutes les espèces poussent mieux en lune ascendante ?
C’est l’occasion de rappeler aussi qu’il y a 8 à 9 formes deMorchella esculenta de couleur allant de blond à marron.
Bref rappel de ce que nous avions déjà vu le 6 mars, jusqu’à la grande famille des Lepiotes. Comme c’est une famille qui nous donne pas mal « de fil à retordre » lors des déterminations à l’Ecole du Champignon, nous ne verrons pas seulement celles qui donnent des intoxications, mais toutes les lépiotes courantes dans la région, les grandes comme les petites. D’ailleurs il faudra songer à utiliser les tableaux (pages 16-17- 26-27-28 du 2ème polycop) qu’a faits Gaëtan, lors de nos futures déterminations.
Nous commençons par les Lépiotes mortelles (tableaux page 16 et 17), celles qui provoquent un syndrome phalloïdien. Ce sont les plus petites (2,5 à 6 cm), de couleur brun-rosâtre, rouge etc.., généralement avec une odeur fruitée (mandarine, caoutchouc, persil …), nombreuses et difficiles à déterminer.
Lepiota brunneoincarnata, pour peu qu’elle soit décolorée, peut être confondue avec Marasmius oreades. Dans la même catégorie, citons Lépiota helveola , brun rose pastel, qui est quand même plus grosse : de 5 à 10 cm.
Le syndrome phalloïdien a été amplement traité lors de la réunion du 6 mars.
Parmi les Lépiotes toxiques, qui provoquent « simplement » des troubles gastro-intestinaux, et qui sont un peu plus grandes, citons les plus courantes dans la région : Lépiota felina, un très joli champignon, Lépiota cristata à odeur très particulière faisant d’ailleurs référence, et Echinoderma asperum (anciennement Lepiota acutesquamosa) à petites verrues pyramidales.
Viennent ensuite les Macrolepiota, grosses et hautes, pouvant aller jusqu’à des chapeaux de 25 cm .
Les 4 variétés de Macrolepiota procera ont toutes des chinures sur le pied et sont comestibles :
- M. procera var. procera : pied immuable au grattage
- M. procera var.fuliginosa : rosissement vineux du pied au grattage, très courante ici.
- M. procera var. permixta : bulbe lie de vin au frottement
- M. procera var.olivascens : traces gris olive sur le pied.
Encore des Macrolepiotes page 27, mais celles ci sont moins grosses, de 4 à 15 cm :
- Macrolepiota gracilenta a un pied 3 fois plus grand que le chapeau.
- M.excoriata a des excoriations commençant vers le bord, en étoiles concentriques.
- Bien noter que M. phaeodisca n’est pas comestible, mais elle est plus rare chez nous, puisque poussant surtout sur dunes sableuses.
Toutes ces Macrolepiota ( au nombre de 47) ont des spores bien caractéristiques, ce qui va les différencier, entre autres, des Chlorophyllum (ex- certaines Macrolepiota) qui ont des spores avec un pore germinatif large et tronqué.
Le genre Chlorophyllum :
La seule citée comestible est : Chlorophyllum rhacodes, à squames nombreuses brunes sur fond crème olivacé, le pied est lisse et l’anneau double floconneux mobile.
Les 2 autres du tableau, non comestible (Chlorophyllum brunneum) ou toxique (C. venenatum) ont un fond blanc et un anneau simple. Chlorophyllum venenatum a un chapeau très pelucheux et même barbu sur les bords.
Derniers genres à voir :
1-Les Paxillus engendrant le syndrome paxillien. L’intoxication commence avant 6 H et se manifeste par une hémolyse intravasculaire, sans doute due à un phénomène allergique et qui peut être mortel (cru mais également cuit). Voir les 2 Tableaux pages 29 et 30.
Les chapeaux de couleur brun, roux, ocre rouillé ont souvent une marge enroulée, des cannelures au bord et des lames se détachant facilement de la chair du chapeau. On peut les différencier avec une réaction à l’ammoniaque : nulle avec P. involutus et obscurisporus, rouge rubis avec P. rubicondulus et filamentosus.
2-Le genre Tapinella est maintenant à part (depuis 1992) suite à la biologie moléculaire. Nous avons d’ailleurs noté plus haut la différence des spores. Ils n’ont pas de toxines mais sont très amers, donc à éviter aussi. Tapinella atrotomentosa a un pied très caractéristique, couvert d’un velours noirâtre, tandis que Tapinella panuoides a un pied nul ou latéral, feutré violet.
Nous remercions vivement Gaëtan pour cette étude qui nous aura occupés trois « Lundi du Champignon », et dont tous les tableaux de comparaison, aussi bien pour les Amanites, Lépiotes et Paxilles nous serviront souvent lors de l’« Ecole du Champignon ».
Puis nous examinons les quelques champignons trouvés cette semaine : des petits coprins, des Agrocybe praecox, une Amanita excelsa et des beaux St Georges. A noter que c’est la 2ème pousse de l’année pour les Calocybe gambosa, la première ayant eu lieu mi-avril.
La dernière réunion aura lieu le lundi 12 juin, le sujet n’étant pas encore fixé.