Ironie, compte tenu du thème qui sera abordé ce soir, nous ne sommes que 14, 9 adhérents sont excusés par suite de chutes de neige sur les hauteurs, ou par maladie…
Les excusés : Arlette Froment, Jean-Michel et Jacqueline Berthelon, Jean-Claude Rabatel, Danièle Bouveret, David Drencourt, Claude Borrel, René Nambotin.
Nous commençons la séance par un tour de table pour se présenter et j’en profite pour recueillir les souhaits concernant les thèmes que nous pourrions aborder cette année. Parmi les sujets les plus demandés :
- Les arbres : le sujet a déjà été bien traité par Arlette, mais il est demandé plus de photos d’arbres en situation, genre un diaporama commenté, avec l’appui des documents de systématique, et en donnant en même temps des exemples de pousse mycologique. Prévoir aussi une sortie (peut-être courant juin ?) uniquement pour ce sujet.
- Les Morilles : bien sur, le sujet a été souvent traité, mais il y a toujours des nouveaux adhérents, et on peut essayer de l’aborder un peu différemment. Par exemple, tout en n’omettant pas le côté détermination, insister surtout sur le mode de fructification, les milieux de pousse, les facteurs favorisant cette pousse etc….
- Les milieux où poussent de préférence chaque espèce : forêts, plaine, montagne, zone humide, places à feu, terrain calcaire, argileux, acide etc……vaste programme !!
- Réactifs : ce sujet proposé par Jean-Michel Berthelon montrerait l’intérêt dans certains cas de l’utilisation de réactifs pour faire des déterminations plus fines quand on doute.
- Les méthodes de conservation : séchage, congélation etc… qui peuvent être très différentes suivant l’espèce.
- Familles : en plus des morilles, certains participants souhaiteraient de nouveau que l’on traite des Bolets, d’autres des Lépiotes (pas encore traité je crois), de la différence entre Clitopile et Clitocybe ……
Nous abordons ensuite le sujet du jour, à savoir :
Facteurs climatiques et champignons
Généralités :
- Dénomination des espèces :
Beaucoup de noms de champignons sont évocateurs, et pas seulement pour les noms vernaculaires, mais aussi pour le nom scientifique, en latin.
Ex : Hygrophorus marzuolus( de marz= mars) ; Tricholoma Georgii (Calocybe gambosa) ouTricholome de la St Georges (qui est le 23 avril) ; Boletus aestivalis ou cèpe d’été ; Entoloma aprile de aprilis=avril ; Polyporus brumalis de bruma= hiver ; Cortinarius pluvius et pluvialis = mouillé, de la pluie ; Agrocybe praecox = précoce, au printemps, ;Mycena praecox (abramsii)= mycène printanière ; et encore Amanita verna de vernus= printemps. Mais pour cette dernière, on peut la trouver aussi en automne.
- Facteurs climatiques nécessaires à la pousse des champignons :
- Teneur du sol en eau : elle est en rapport avec les précipitations, et joue un rôle très important car les champignons ont besoin d’eau durant une partie de leur cycle. Ex : La Trompette des morts exige 40% d’eau, les Amanites se contentent de 10 à 15 % (Guide vert des Champignons).
- Les températures : certains sont plus précoces (Morilles, Tricholome de la St Georges etc…), l’apparition des tricholomes (Petit gris divers), et les pieds bleus sont le signal de l’hiver approchant, d’autres espèces sont plus méridionales (donc en principe, demandent des températures plus élevées) comme la Truffe du Périgord, le Clitocybe de l’olivier. Mais on voit des espèces « remonter » comme Amanita Caesarea ou Oudemansiella mediterranea. Est ce l’effet du réchauffement climatique ?
- Lumière : Dans les bois, c’est un facteur secondaire, mais dans les près, les espèces demandent plus d’intensité lumineuse. L’envahissement du milieu par la végétation (ronces par exemple) diminue l’incidence des facteurs climatiques propices à la pousse des champignons.
- Il faut peu de vent ; rôle parfois important des orages, et du tonnerre pour les morilles .
- La lune : bien que ce ne soit pas vraiment un facteur climatique,elle fait l’objet d’un long débat ce soir. Pour certains, tous les végétaux « poussent » quand la lune monte et pour d’autres, la 4ème semaine de la descente, il ne pousse rien. Pour l’instant, les constatations étant empiriques, nous n’en conclurons rien de particulier….
En règle générale, pour les mycophages, la saison commence en avril et se termine aux gelées. Les mois privilégiés étant septembre, octobre dans des conditions climatiques normales, ce qui n’a pas été le cas cette année dans l’Ain : la saison a été décalée jusqu’en décembre !
Changements climatiques :
Des chercheurs (Université d’Oslo) ont analysé la croissance des champignons sur une quarantaine d’années et leur conclusion est que leur saison est désormais plus longue et se décale dans certains pays européens . Tendance constatée d’une arrivée plus tardive de la neige et du gel, d’une augmentation des températures et de phases végétatives plus longues.
« Tout change très rapidement » dit Jean Garbaye (INRA de Nancy) : les arbres poussent plus vite en raison de l’augmentation du CO2 et des températures.
« Plusieurs espèces fructifient deux fois dans l’année » (Alan-Christopher Gange). Une partie des champignons profite du surplus de sève des arbres, les autres des masses supplémentaires de feuilles tombées au sol.
« Le mycélium des champignons doit être encore actif à la fin de l’hiver et se réveiller dès le printemps » d’après des chercheurs anglais.
« Mais il faut être prudent et ne pas extrapoler trop vite » estime Régis Courtecuisse.
On constate la disparition de certaines espèces ; elle serait dû à des pluies acides provenant de la pollution.( Gaëtan nous parle d’ailleurs du sol qui s’enfonce dans l’Arctique,qui serait du à la pollution).
Particularités pour certaines espèces :
Certaines espèces ont été plus étudiées , du fait de leur intérêt culinaire, en particulier les cèpes.
- Cèpes en général :
* Il faut qu’ils subissent un choc thermique pour initier leur fructification. Après le choc, 10 à 15 jours sont nécessaires pour les voir pousser.
* Hygrométrie du sol : il faut au moins 30 mm d’eau pour hydrater le sol et espérer une pousse, mais cela dépend du sol…….
* Etat du stock mycélien : il faut beaucoup de mycélium disponible en plus des conditions climatiques favorables.
- Suivant la variété de cèpes :
* Boletus edulis : sensible aux chocs thermiques. Si la température du sol descend rapidement à 15°C, la pousse est engagée 12 jours après, si bonne hygrométrie. Mais si la température du sol remonte trop vite (20°C) et trop longtemps, la pousse est stoppée.
* Boletus aereus (Tête de nègre) est plutôt sensible aux chocs hydriques, orage en fin d’été par exemple (10 jours après l’orage ou de fortes pluies).
Statistiques dans l’Ain :
C’est indéniable, nous avons eu un été pourri : 17 jours de pluie en juillet, autant de précipitations en une journée , à certains endroits, qu’en un mois normal ! et nous avons eu de nombreux orages.
Conclusions des statistiques de la Météo locale pour les 2 dernières années, 2013 et 2014 :
- Températures maximales : nettement plus froid en juillet et aout 2014.
- Températures minimales : très basses en janvier et février 2013, mais hiver doux en 2014.
- Hauteurs précipitations : plus de pluie en hiver et été en 2014, mais hauteur équivalente pour les 2 automnes.
Observations des pousses dans l’Ain et départements limitrophes, Jura, Saône et Loire, Isère, Rhône :
J’ai reçu par mail les observations des « ramasses » de Jean-Michel Berthelon, David Drencourt, Gaëtan Autuoro, Mauro Cristina, et en y ajoutant les photos datées d’Alain Petitjean et mes propres observations, j’ai essayé de synthétiser toutes ces notes sous forme d’un tableau que je mets en pièce Word jointe :
Quelques remarques supplémentaires :
- Très peu de Calocybe gambosa au printemps de cette année, et les rares étaient véreux.
- En plus de 20 ans, c’est la première année que nous n’avons pas eu un seul rosé dans notre pré ( à St Etienne du Bois), et apparemment peu de personnes présentes à la réunion en ont trouvé.
- « A partir de fin août et presque jusqu’au mois de novembre, certaines espèces comme les russules, les cortinaires, les tricholomes et les bolets se font si rares que l’on aura beaucoup de mal à alimenter en carpophores les séances de détermination du lundi et les nombreuses expositions prévues à cette époque » dixit Jean-Michel Berthelon.
Pour les conditions météorologiques, je me suis appuyée, quand elles faisaient défaut, sur un site Internet « Meteo 01 », qui nous donne les principaux événements au jour le jour.
Pour conclure la soirée, il est convenu que nous essaierons, pour l’année 2015, de noter « nos ramasses », avec plus de précisions : dates, météo, lieux pour refaire un bilan.
Pour le prochain « Lundi du champignon », qui aura lieu le 23 février, Alain Petitjean et Gaëtan Autuoro referont un exposé sur les Morilles.
Texte : Claudette Tabary
Photos : Alain Petitjean ; Gaëtan Autuoro ; Mauro Cristina ; Claudette Tabary.