Connaissez-vous ce petit marais de quelques hectares, situé face à l’orphelinat de Seillon ?
Depuis la route qui le longe, il ne paie pas de mine et pourrait passer pour un banal pré à chevaux, si ce n’était l’existence d’une mare d’une centaine de m2, d’un long fossé riche en plantes aquatiques qui le traverse de part en part, emmenant en permanence un petit flux d’eaux claires sans doute en direction de la Veyle. Le pré lui-même, on ne le fréquente pas sans bottes tant il est imprégné d’eau.
Il y a quelques années, apprenant que le site était concerné par un projet de lotissement, je m’y étais rendu en compagnie de Georges, notre éminent botaniste, mais il n’y avait pas fait de découverte notable. Nous y avions dérangé quelques colverts et quelques grenouilles, mais il aurait fallu revenir régulièrement pour découvrir ce qui s’y cachait vraiment.
Plus tard, lors d’une visite automnale, nous y avions trouvé le cadavre d’un chevalier sylvain, ce qui démontrait que l’endroit était aussi fréquenté par des migrateurs de passage.
J’ai même eu la surprise d’y découvrir au sol un couple de faucons crécerelles, foudroyé par une décharge électrique, car ils avaient eu le tort de se poser à un entrecroisement de lignes.
Le projet de lotissement ? On n’en parlait, plus mais il progressait dans l’ombre. Au printemps dernier, nous avons eu la surprise de découvrir les panneaux d’un promoteur immobilier qui promettait la construction de 120 logements.
Des riverains se sont inquiétés de l’impact que pourraient avoir ces aménagements sur la situation hydraulique du quartier.
Un appel d’urgence a été lancé aux naturalistes de la région par l’association « Sympétrum » pour qu’ils aillent y faire des recherches plus sérieuses que celles faites il y a 10 ans par un bureau d’études au moment de l’enquête publique.
Et là, surprise avec la découverte de plusieurs espèces patrimoniales protégées par la loi : le Triton palmé, l’Agrion de Mercure et le rare papillon Cuivré des marais.
La Direction des Territoires a été alertée, mais elle a fait « le dos rond », considérant que ces richesses étaient signalées après que les autorisations de lotir aient été accordées. Il y avait bien un plan départemental de protection des zones humides, mais celle-ci n’avait pas été signalée.
Et voilà comment un marais et ses richesses naturelles seront bientôt remplacés par des constructions. Les travaux ont commencé en ce mois de novembre et c’est un gros engin de terrassement qui effectue le « recensement » des espèces qui s’y trouvent.
L’actualité (barrage de Sivens) nous démontre une fois de plus que les richesses naturelles et la sauvegarde des espèces menacées pèsent peu face aux aménageurs de toutes sortes.
- Le drainage a commencé
- La pelle mécanique éventre l’habitat des espèces sois-disant protégées par la loi
Bourg Nature Environnement et la FRAPNA n’ont plus beaucoup d’espoir, d’autant plus que le mal est fait et que des poursuites pour destruction d’espèces protégées ne redonneront pas vie à ces dernières.
Merci à Yves Dubois et à Régis pour les photos de faune.