La vallée de DROM

Publié le samedi 5 mai 2012 par Arlette FROMENT

Observation des phénomènes karstiques dans la vallée de Drom

La deuxième partie de cette journée fut consacrée à une sortie sur le terrain : étude des phénomènes karstiques dans la vallée sèche de Drom et conséquences sur l’hydrographie ;
Nous avons été accueillis à Drom par Monsieur Brochier, maire de Drom qui nous a présenté cette vallée et ses problèmes hydrologiques.
Cette vallée de Drom est une vallée « sèche » c’est à dire une vallée dans laquelle ne s’écoule pas de rivière et qui, le comble, souffrait d’inondations !
L’eau a été le problème historique de cette vallée : en été la population manquait d’eau et devait aller chercher ce précieux liquide jusqu’à Meillonnas pour alimenter le bétail ; en automne et au printemps et par pluviométrie importante, Drom était recouvert par les eaux, on y circulait en barque et quatre ports furent établis. En 1840, fin octobre, les eaux recouvrirent la vallée, les habitants de Drom ne revirent leurs terres qu’aux premiers jours de février 1841 ; certaines maisons s’écroulèrent. Le niveau de l’eau atteignit 1,50 m vers l’ancienne mairie (repère matérialisé par un trait). Cette vallée sèche a une orientation nord-sud et est parallèle à la vallée du Suran, c’est pourquoi en 1852 Monsieur Gouilloux, maire de Drom, entreprit des démarches pour creuser un tunnel sous la montagne de Javernaz afin de permettre aux eaux de la vallée de Drom d’aboutir à la rivière « Suran » et ainsi le problème d’inondations serait résolu !
Le tunnel n’ayant résolu qu’une partie du problème, un réseau de canaux fut établi pour assécher complètement cette vallée.
Tout ceci, nous fut aimablement expliqué en Mairie de Drom par le Maire actuel, Monsieur Daniel BROCHIER que nous remercions vivement.

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Monsieur le Maire explique devant la carte du réseau souterrain
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Vue d’une partie de l’assistance

Puis nous partons observer différents points intéressants de cette vallée. Nous sommes en pays calcaire et nous pouvons en trouver ici toutes les caractéristiques.

1. Premier arrêt : Fontaine et lavoir

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On remarque la structure métallique qui couvre le lavoir

Ce serait le premier point d’eau du village. Là, se serait installée une congrégation religieuse. Puis après le village, en effet, en milieu calcaire les points d’eau sont rares et les habitations s’installent autour de ceux-ci : nous avons donc un habitat groupé. L’eau de cette résurgence est de qualité douteuse (microbes et pollution). Un lavoir, alimenté par la fontaine, a été construit et protégé par une structure spéciale qui résiste à l’immersion, car en effet en période de grosses pluies, la cavité qui abrite fontaine et lavoir est complètement immergée : fontaine et lavoir disparaissent sous l’eau.

2. Deuxième arrêt : le bois de Fay

C’est une station intéressante en botanique car nous y trouvons de nombreuses plantes printanières : des Erythrones, des Scilles, des Corydales, différentes Violettes, des Ornithogales… mais ce bois a aussi un intérêt géologique car sur le sous-sol calcaire mis à nu, nous découvrons de larges et profondes fissures qui découpent le plateau calcaire en larges dalles, ce sont des lapiez. Ces fissures permettent à ce plateau d’être perméable en grand et témoignent du rôle, dans l’altération du relief, des eaux de ruissellement et de précipitation. En effet le calcaire est un carbonate de chaux insoluble dans l’eau mais qui sous l’action de l’eau chargée de CO2 se transforme en hydrogénocarbonate de chaux qui lui, est soluble et donc entraîné par les eaux ; c’est ainsi que les fissures s’élargissent et s’approfondissent.
En résumé : carbonate de chaux (insoluble) + CO2 +H2O = hydrogénocarbonate de chaux (soluble)
Dans ce sens, cette réaction chimique conduit à l’altération du relief mais cette réaction chimique se fait dans les 2 sens, l’hydrogénocarbonate de chaux (soluble) privé d’une partie du CO² redonne du carbonate de chaux (insoluble) et c’est ainsi que le calcaire se dépose et participe à la formation du relief calcaire.
Le relief calcaire évolue par dissolution : c’est un relief karstique.

3. Troisième arrêt : le puits de Fay

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Le puits de FAY

Toujours à la recherche de l’eau, les habitants de Drom creusèrent un puits, le puits de Fay très profond (35m) En creusant ils ont rencontré de nombreuses fissures (diaclases) et de nombreuses cavités mettant en évidence la structure « en gruyère » de ce sous-sol calcaire. Ce puits leur permit d’avoir accès à l’eau même pendant la saison sèche. En effet les diaclases conduisent l’eau des précipitations et de ruissellement dans des cavités qui jouent le rôle de réservoir ; L’eau est piégée dans ces cavités grâce à la couche de marnes imperméables située au dessous.
En colorant l’eau du puits de FAY avec de la fluorescéine, on a pu reconstituer le trajet de l’eau qui circule sous la vallée de Drom. Cette eau qui circule dans un réseau hydrographique sous terrain constitué de fissures et de cavités, est conduite à la résurgence du Bourbou à Arthurieux commune de Neuville sur Ain. Ces eaux constituent un petit cours d’eau temporaire, le Bourbou qui se jette dans l’Ain. Notons qu’une partie de cette eau est conduite aussi directement dans l’Ain.

4. Quatrième arrêt : dolines et tunnel

Nous avons remarqué dans les prés de nombreuses dépressions presque circulaires à fond plat : les dolines. Elles sont dues à la dissolution du calcaire suivie ou non d’effondrement. Seul le calcaire se dissout, il reste les impuretés contenues dans le calcaire, ce sont des argiles, elles portent le nom d’argiles de décalcification, elles rendent le fond des dolines plus fertile.
Le tunnel d’assèchement de la vallée de Drom fut commencé en 1855 et terminé en 1869.Il fut creusé par les habitants de Drom et des ouvriers émigrés avec des moyens très rudimentaires. Il mesure 980 m et ressort à Villereversure - hameau de Rochefort - cette sortie a été restaurée il y a quelques années, la pose d’armature métallique empêche l’effondrement. Ce tunnel aurait pu ne pas être fonctionnel s’il n’avait pas coupé une grande faille qui permet l’évacuation des eaux souterraines de la vallée Drom (voir photo).Les eaux qui sortent du tunnel constituent un cours d’eau temporaire qui traverse les champs puis qui est canalisé jusqu’au Suran. Grâce à ce tunnel d’assèchement les inondations du village de Drom sont devenues moins dramatiques.

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Pierre devant les barrières de protection qui protègent l’entrée du tunnel situé en contre - bas.
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A l’intérieur du tunnel de Fay

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Compte-rendu et photos de l’intérieur du tunnel réalisés par Arlette FROMENT.

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Petite crue au niveau du puits dans le tunnel
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Traversée de la grande faille en crue

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