Une volonté d’innover ? Si j’ai proposé à Daniel Grand une conférence en nocturne pour l’expo des Natus 2011, proposition accueillie très favorablement par les instances de l’association puis adoptée, en ce début de 2012, je propose une nouvelle formule à nos sociétaires, la conférence-sortie… L’idée ? Découvrir sur le papier (ou plutôt sur l’écran) la théorie le vendredi soir, et filer voir la réalité sur le terrain le lendemain…
L’article de Pierre paru hier sur la conférence du vendredi Une humble renoncule oubliée a révélé que l’assistance n’était pas très nombreuse pour découvrir la petite plante… Allait-on faire le plein le lendemain, avec le beau soleil annoncé ? Eh bien non ! Ce samedi 3 mars 2012, nous n’étions que 6, la famille Roger, Bernard Janvier, Pierre Roncin et moi-même au bord de la Reyssouze à attendre les participants… Eh bien tant pis ! Après avoir observé les colverts et scruté Notre Dame à la recherche des pèlerins (comment, vous ne saviez pas qu’il y avait un pèlerinage à Notre-Dame ? Faucon vous informe alors !), et sur proposition de Mme Roger, nous filons vers Saint-Just et son lavoir de Rosepommier…
Rapidement sous l’édicule, nous découvrons quelques plants de Ranunculus hederaceus et de Callitriche sp. dans une onde d’une grande limpidité… La station est moins prolifique que l’an passé, mais dans le domaine des sciences de la nature, les années se suivent sans forcément se ressembler… Plus loin, sur un petit chenal de dérivation, il y a une bien belle touffe de notre petite plante, et chacun est satisfait de l’observer et de la photographier, regrettant au passage que les fleurs soient en retard, mais après le coup de froid du début de février, on pouvait s’y attendre…
Nous poursuivons la petite balade en furetant le long des biefs issus du lavoir… C’est bien tôt dans la saison encore, et si l’on reconnait déjà les jeunes pousses de Berula erecta et de Nasturtium officinale, ainsi que les lanières ondoyantes des Glyceria sp., il n’y a guère que Cardamine hirsuta et Ranunculus ficaria pour oser quelques corolles… Une petite tortue croisera près de nous ainsi qu’un citron… Vous aurez compris qu’il s’agissait la de deux papillons sortant de leurs quartiers d’hiver et non d’une de mes élucubrations… Quelques grenouilles sont bien là, mais ce sont les oiseaux qui représentent le mieux la faune. Pinsons, mésanges bleues et charbonnières, merles et sittelles et quelques autres nous raviront les oreilles et animeront un peu l’azur…
Bientôt, le temps est venu de laisser le charmant lavoir et ses hôtes pour rejoindre la station historique, le lavoir de la Perrinche à Viriat…
Ici, les lentilles ne sont pas du puits mais bien d’eau et recouvrent à peu près complètement le bassin… Pourtant, les Renoncules à feuille de lierre sont bien ça et là, en petits groupes flottants… On y distingue aussi les Callitriche sp., Nasturtium officinale et un peu plus loin dans le déversoir de beaux plants de Berula erecta. Une renoncule terrestre joue les aquatiques après une petite chute, et sur le gazon, les pâquerettes (Bellis perennis) ont piqueté la verdure de leurs petites étoiles blanc rosé… Sur les pierres calcaires les mieux exposées, les minuscules rosettes d’Erophila verna (la Drave printanière) ont déjà hissé leur inflorescence. Georges nous fera observer les petites fleurs aux pétales bifides qui sèment un peu le trouble chez le novice habitué à ce que les Brassicacées n’aient que quatre pétales !
Le tour de la station ayant été fait, nous empruntâmes le chemin des Routes en jetant un œil aux oiseaux, un autre au ruisseau de la Perrinche qui a reçu un malheureux curage l’an dernier, en dépit de la loi sur l’eau…
Bientôt, c’est au bord du Dévorah, à Bourg que nous nous retrouvons… La ville de Bourg vient de pratiquer un peu de nettoyage de cette belle zone humide ; les aulnes ayant une fâcheuse tendance à se développer, il fallait freiner leur développement avant qu’ils ne masquent complètement le jour aux espèces d’amphibiens, d’odonates et de plantes qui tentent de survivre malgré des sécheresses récurrentes…
L’avancée des beaux jours n’étant pas encore suffisante pour autoriser une floraison générale, nous retournons donc aux voitures, clore cette première après midi de sortie botanique de 2012 en partageant un verre gentiment offert par la famille Roger…
Il ne nous reste qu’à espérer que les fragiles stations de Renoncule à feuilles de lierre trouvées pourront être préservées, et nous comptons sur les maires de Viriat et de Saint-Just qui ont désormais la responsabilité de la conservation de cette petite plante, bien humble, mais tellement importante pour le maintien de la biodiversité.