Samedi 3 décembre. Nous sommes 7 au départ de cette sortie en direction de la Suisse et des réserves naturelles du Moulin de Vert et des Teppes de Verbois, situées de part et d’autre du Rhône en aval de Genève, l’une sur un ancien bras du fleuve et l’autre sur un site qui a failli héberger … une centrale nucléaire. (Les Genevois l’ont refusée par référendum car, eux, on les consulte …)
1er arrêt à Bellegarde pour retrouver Emilie. Petit coup d’oeil sur le Rhône, près du pont de Coupy. Il y a là quelques harles bièvres, quelques colverts et cygnes tuberculés, 2 canards de barbarie qui ont choisi la liberté plutôt que de finir en foie gras à Noël. 2 surmulots vont d’une cachette à l’autre, se nourrissant des déchets des hommes amenés par le fleuve.
- Harle bièvre mâle
- L’espèce, autrefois rare, s’est bien développée grâce aux poses de nichoirs en Suisse.
Cette sortie à Verbois, une première pour la SNAA, a été précédée d’une visite de reconnaissance en août dans la réserve des Teppes, en compagnie de mon épouse, Annie, qui nous a fait la tristesse de nous quitter subitement fin octobre, peut être pour un monde meilleur.
Lundi 28 novembre c’est notre président, Guy Robert, qui m’accompagnait pour une autre reconnaissance, cette fois dans la réserve du Moulin de Vert.
Arrivés au barrage, nous jetons un coup d’oeil rapide sur la passe à poissons destinée à permettre le franchissement de l’aménagement.
D’après les pêches qui y sont réalisées tous les deux ans lors de la mise en assec pour entretien, la passe est surtout fréquentée par chevaines et gardons mais on y capture aussi des barbeaux et des truites. L’ombre commun y est rare.
Les castors disposent aussi de leur cheminement aménagé. Il leur faut quand même franchir la route qui traverse le barrage et il y a danger. D’ailleurs le cadavre d’un renard fraîchement tué est là, sur le talus, pour en attester.
Sur le lac de retenue, où ont été créés des hauts fonds, des îlots et des perchoirs, il y a foule : surtout des fuligules morillons, attirés par la présence nourricière des moules zébrées et surtout par la quiètude des lieux puisque tout le canton de Genève est en réserve de chasse depuis plus de 30 ans.
Les fuligules milouins sont nettement moins nombreux. Nous notons aussi la présence de foulques macroules, chipeaux, colverts, goélands leucophées, nettes rousses, canard pilet, grèbes huppés et castagneux.
Ensuite, à pied, nous prenons le chemin de la réserve du Moulin de Vert, en rive gauche. Nous n’avons pas fait 100 m que nous sommes stoppés par la présence d’assez nombreux passereaux qui se déplacent dans les saules et peupliers au-dessus de nous : mésanges charbonnières, bleues, à longue queue, nonnettes, roitelet triple bandeau, pics épeiches, pinsons des arbres, rouges gorges, grimpereau des jardins, merle noir. Il y a du monde !
Plus loin se trouvent quelques plans d’eau, vestiges d’une ancienne lône qui fut très fréquentée par le célèbre artiste, philosophe et naturaliste suisse qu’était Robert Hainard. On y trouve plusieurs observatoires plus ou moins sophistiqués et nous ajoutons à notre liste d’observations les hérons cendrés, la grande aigrette, les corneilles noires, le bruant zizi, puis, au bord du Rhône, nous retrouvons des colverts, des harles bièvres et deux exotiques canards mandarins. Les castors, très discrets, ont laissé quelques signes de leur présence.
Vers 13h30, nous sommes de retour aux voitures et nous nous installons sur l’une des nombreuses tables de pique nique …
L’après-midi est consacré à l’autre réserve naturelle, en rive droite, celle des Teppes de Verbois. Là aussi, le principal intérêt en cette saison c’est la présence de plusieurs plans d’eau avec observatoires, baptisés du nom de plusieurs naturalistes genevois célèbres. En d’autres saisons nous aurions pu y observer une flore très intéressante mais endormie aujourd’hui. Les observatoires sont décorés de photos sur la faune, photos réalisées sur le site et non dégradées comme cela aurait sûrement été le cas en France …
Nous admirons quelques grands cormorans en train de se faire sécher, des chipeaux qui barbotent dans les potamots, des foulques, des sarcelles d’hiver et plusieurs poules d’eau. Un pic vert et un pic noir se manifestent par quelques cris au loin.
En face les falaises de Cartigny se mirent dans les eaux turquoises du fleuve. Les faucons pélerins y nichent certaines années. Aujourd’hui ils sont absents …
Nous poursuivons notre visite jusqu’à la rivière l’Allondon, qui descend du pays de Gex.
C’est là que les premières gouttes se manifestent alors que nous sommes sous le pont.
Le soir arrive et il est temps de rentrer.
Le compte-rendu de cette visite ne serait pas complet sans signaler la future réalisation, en avril-mai 2012, de la vidange du barrage de Verbois qui va entraîner une forte pollution du Rhône et les vidanges successives de tous les barrages en aval. Des précautions environnementales seront prises mais elles ne suffiront pas pour empêcher le colmatage des fonds et la disparition de tous les alevins nés en fin d’hiver et au cours du printemps. Les milieux scientifiques auraient souhaité que cette vidange aie plutôt lieu en automne , période où les conséquences écologiques eussent été moindres mais le tourisme pèse plus lourd que l’environnement encore trop considéré comme un luxe par les politiques de tous bords … Souhaitons que, dans l’avenir, d’autres méthodes d’élimination des abondantes alluvions amenées par la rivière l’Arve soient mises en oeuvre, puisqu’elles existent mais … sont un peu plus compliquées et plus chères …
Cette belle sortie était la dernière de l’année, alors bonnes fêtes et à l’année prochaine…peut être .
Merci aux photographes qui ont permis d’illustrer ce compte-rendu : Danielle Poirier et Catherine Boisson.