Nous n’étions que 7 pour cette sortie inédite de la SNAA destinée principalement à écouter le brame du cerf. Les bêtes à poils auraient-elles moins inspiré que les bêtes à plumes ? En réalité, notre petit nombre a plutôt été un avantage car, le soir venu, nous étions 30 dans le mirador d’observation situé en lisière du bois et dominant le marais. Nombreux étaient en effet les observateurs étrangers à notre groupe mais venus ici pour les mêmes raisons que nous. C’était beaucoup ! Dans l’avenir il faut souhaiter que les gestionnaires de la réserve construisent un autre observatoire s’ils trouvent les moyens financiers pour le faire ….
A 15h30 pile, départ de la promenade à partir du parking d’Aignoz. En attendant la soirée, plus propice au brame, nous avons décidé de remonter le cours du Séran.
- A la mare pédagogique
- Au menu : grenouilles vertes dans l’eau et lézards des murailles sur les planches…
Il fait presque chaud et le ciel est voilé. Nous suivons un chemin sous les arbres. La rivière, claire, coule à notre gauche, tantôt rapide sur un fond de fins graviers, tantôt plus calme et plus profonde. Pas de poissons visibles. Les « balsamines de l’Himalaya », omniprésentes dès qu’il y a de la lumière, dégagent un fin parfum. Les oiseaux sont discrets et fugaces : mésanges bleues et charbonnières, pinsons des arbres, geais des chênes, corneilles noires, pic épeiche. Deux martins pêcheurs passent devant nous, rasant l’eau. Régis, qui a l’ouïe fine, les a entendus avant que nous n’apercevions brièvement ces deux « flèches bleues ». Plus en amont, les castors ont entamé un gros saule. Nous découvrons leur hutte de branchages et leur terrier.
Sur le chemin, des traces d’ongulés : d’abord du chevreuil puis d’autres, plus imposantes, appartenant à des biches.
Les impatientes glanduleuses, couchées en de multiples endroits, montrent que le secteur est bien fréquenté par la grande faune. Mêmes indices de passages dans les « saignées » de la rive qui permettent aux animaux de franchir la rivière.
- « Saignée » dans la berge
- L’un des nombreux passages taillés dans la berge par le passage régulier du grand gibier ( cerfs, sangliers)
En rive droite, hors réserve donc, des miradors de chasse rappellent que les animaux ne sont jamais en paix totale avec les hommes.
Ah ! voilà d’autres traces, plus rondes et plus larges : des sangliers sont passés là. Nous n’en verrons pas, contrairement à mardi où un gros solitaire est parti à 10 m de moi, le long du sentier sur pilotis, en protestant énergiquement …
Il est environ 17 h et il est temps de retourner en direction justement de ce sentier sur pilotis et du mirador d’observation, avant que d’autres ne monopolisent la place. Petit arrêt à l’étang Tendret où il y a moins d’oiseaux que mardi car ils ont sans doute été plus dérangés. Quelques colverts mais pas de héron ni de martin-pêcheur.
- Parcours sur pilotis
- Plus facile à pratiquer de jour que de nuit, comme nous en avons fait l’expérience…
Les Highland cattle sont toujours aussi majestueux.
Ouf ! voilà le mirador. Nous sommes les premiers. Jumelles et longues vues sont braquées sur le marais
et nous scrutons attentivement la lisière des bois. Sur notre gauche, assez loin, une zone a été fauchée et les rouleaux de foin sont encore en place. Nous y distinguons un mouvement, serait-ce un animal ? Zut ! ce sont 4 personnes en tenue camouflée, peut être des photographes … Pourvu qu’ils n’effarouchent pas les bêtes ! Mardi c’est dans ce secteur que biches et cerf sont sortis du bois en premier.
Tout est calme.
Quelques tariers pâtres volètent au-dessus des buissons. Le soir arrive. Le mirador s’est rempli d’observateurs. C’est Danielle qui, la première, nous annonce : « J’ai une tête de biche dans la longue vue ». C’est bien vrai : l’animal agite les oreilles puis sa tête disparaît dans les taillis. Un peu plus tard c’est un grand « huit cors » qui apparaît sur la gauche, poussant devant lui une biche suivie de deux jeunes. Magnifique ! Par moments tout le monde se déplace et disparaît derrière les buissons mais les bois du grand mâle le trahissent. Ils feront ainsi le spectacle pendant un bon moment.
D’autres biches ou cerfs vont-ils apparaître, comme mardi ? Malheureusement c’est le brouillard qui décide de s’inviter et bientôt les animaux disparaissent derrière le rideau blanc.
Jusque là les bêtes sont restés silencieuses, à part, derrière nous, dans le bois, un dernier cri de pic épeiche puis un conciliabule entre plusieurs chouettes hulottes et le cri aigü d’un râle d’eau quelque part.
La nuit tombe et soudain … le brame a retenti : cri rauque, profond et sauvage, toujours aussi impressionnant. A mesure que les minutes passent le cri s’intensifie, accélère par moments. Deux individus, peut être trois, se défient ou se répondent, parfois interrompus par ces maudits trains qui, toutes les dix minutes, perturbent notre écoute …
Mission accomplie. Nous pouvons nous retirer et regagner les voitures où nous attendent quelques tartes et cakes. Il est plus de 20h30 et les estomacs commençaient à protester.
Il ne reste plus qu’à remercier les photographes qui ont permis d’illustrer cet article et rendez vous lors de l’exposition de la SNAA à la salle des fêtes de Bourg, samedi et dimanche 1 et 2 octobre.
Prochaine sortie à Fort l’Ecluse, le 8 octobre, où nous pourrons admirer les vols de migrateurs et rencontrer nos amis suisses et haut savoyards au pied du Vuache. Départ à 7 h avec le pique nique.