Chaque fin d’hiver donne le signal de migration à quantité d’animaux. On pense d’abord aux oiseaux mais c’est aussi le moment où des milliers d’amphibiens : grenouilles, tritons, crapauds, salamandres quittent leurs cachettes hivernales ( trous dans le sol ou dans de vieilles souches, abris sous les feuilles mortes…) pour aller rejoindre leurs lieux de pontes situés parfois à plusieurs kilomètres. Tous ne migrent pas en même temps car il y en a de plus frileux que d’autres. Certains le font individuellement , d’autres (des mâles en général) préfèrent chevaucher ces dames et se laisser transporter. C’est nettement moins fatigant et puis, comme elles sont les plus solides et les plus grosses il n’y a pas de complexe à avoir…C’est aussi un moyen de se réserver leurs faveurs ( de gré ou de force…)
Seulement un long voyage est synonyme d’obstacles et notamment de routes à traverser et c’est alors l’hécatombe.
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Aussi, depuis plusieurs années, des particuliers et des associations comme la FRAPNA se dévouent pour sauver de l’écrasement ces petits animaux en forte régression.
Près de Bourg, c’est la traversée de la route en forêt de Lent qui pose problème.
. Dès la fin février, des volontaires de la FRAPNA posent, avec une autorisation préfectorale, des barrières qui guident les animaux vers des seaux enterrés dans lesquels nos amphibiens
tombent.
Membre de la SNAA mais aussi soucieux d’apporter ma pierre à la sauvegarde de la biodiversité je me suis porté candidat pour aller récupérer les grenouilles chaque vendredi matin, après leur migration vespérale . Pour les autres jours de la semaine, et pendant plus d’un mois, il y a bien sûr d’autres volontaires.
Pour ma première séance j’étais accompagné d’un spécialiste des amphibiens de la FRAPNA, Rémy Rufer, qui m’expliqua comment procéder. Heureusement que nous étions deux car le temps doux et la pluie de la veille avaient donné le feu vert aux migrateurs et ce n’est pas moins que 645 animaux que nous avons déplacés d’un côté à l’autre de la route.
Au fond des seaux cela grouillait . Le spectacle était aussi au moment où les bestioles étaient relâchées . On avait l’impression qu’elles voulaient récupérer le temps perdu au fond des seaux et, en quelques minutes toute la troupe s’égaillait dans la direction du centre de l’étang .
Ce matin là nous avons ainsi relâché :2 grenouilles vertes, 14 tritons alpins, 85 tritons palmés, 521 grenouilles rousses et 23 grenouilles agiles. Pas encore de crapauds car ils migrent plus tard.
Deuxième séance pour moi le vendredi 5 mars mais les vendredis se suivent et ne se ressemblent pas . Le coup de froid de la nuit ( gel) avait stoppé la migration puisque je n’ai récupéré que 7 grenouilles rousses totalement transies au fond de leur seau… Dès que la douceur reviendra, l’attrait des amours sera le plus fort.
Dans l’avenir un « crapaud-duc » en dur devrait être installé ( peut être au cours de 2010) avec barrières et conduit souterrain afin de rendre inutile l’intervention humaine . Pour ce printemps espèrons que l’instinct de reproduction poussera les animaux vers tous les points d’eau proches car leur étang habituel vient d’être mis en assec, comme cela se fait tous les deux ans afin de récupérer les poissons.