A la fin de l’année dernière, la SNAA a été sollicitée par la ville de Bourg-en-Bresse pour donner, dans l’urgence, son avis sur un problème sanitaire et hygiénique touchant un monument du patrimoine burgien.
Contactés par le Service Culturel de la mairie, il nous a fallu nous rendre en toute hâte à la Chapelle Lalande : les « Amis de la Chapelle » y avaient découvert un champignon, « rampant » disaient-ils, et en train de se répandre et d’envahir tout un espace latéral à l’intérieur du bâtiment.
Déjà, rien qu’à la teneur du coup de téléphone, on pouvait pressentir de quoi il s’agissait. Un lieu fermé, rarement visité, peu éclairé, pas chauffé, ni ventilé ni aéré : l’ennemi sentait bon la « mérule », si l’on peut s’exprimer ainsi.
Le ton des dames, au bout du fil, semblant un tant soit peu affolé, et les journées portes ouvertes du patrimoine s’annonçant pour le week-end suivant, il y avait urgence à voir le « mal ».
Panier, boîte de prélèvement, spatule, gants, appareil photo : l’équipement était de rigueur pour approcher le « monstre ». Et l’on n’avait pas tort.
En s’approchant d’une des petites chapelles latérales, où s’étalait le champignon responsable, il n’y avait déjà plus aucun doute dans notre esprit. Nous fîmes quelques photos et un prélèvement délicat, aussitôt enfermé dans une boîte hermétique.
Posant aussitôt le prédiagnostic de « mérule », pour faire simple avec nos interlocutrices, nous leur fîmes part avec insistance de l’urgence à intervenir pour éradiquer ce champignon et éviter sa prolifération. Décision fut aussitôt prise de prévenir les services d’hygiène de la ville afin d’entamer le plus vite possible une action « impitoyable ».
Ensuite, de retour dans nos locaux, nous pûmes à loisir étudier le prélèvement, avec toute l’attention nécessaire à sa manipulation. Bibliographie, microscope, expérience déjà rencontrée : nous n’eûmes aucun mal à confirmer l’intrus : Serpula lacrymans ou Merulius lacrymans.
L’identification de l’espèce de champignon étant faite et grandement sûre, nous avons rappelé les services concernés (service culturel, service d’hygiène, responsables des Amis de la Chapelle) pour confirmer notre expertise des spécimens récoltés et leur apporter les conseils nécessaires et indispensables pour réduire au maximum la propagation de l’espèce par les spores : éviter les courants d’air, aérer la pièce, supprimer et brûler les champignons existants ainsi que tous les supports sur lesquels ils s’étaient propagés, traiter sols et murs à l’aide de fongicides (chlorophénol, sulfate de cuivre), tout cela dans le but de permettre pour le week-end suivant l’ouverture de la Chapelle au public pour les journées du patrimoine.
Voilà encore une fois la preuve de la bonne intelligence des rapports entre naturalistes et pouvoirs publics. Et le rappel du bien fondé d’être une association reconnue d’utilité publique quand à la dispersion, non pas des spores, mais de nos connaissances scientifiques.
Notre humble écho, somme toute, à la préservation de l’environnement et du patrimoine.