UNE SORTIE REUSSIE
Depuis quelques temps déjà le nom de Mycorama chatouillait agréablement l’oreille des mycologues de la société…et puis le week end des 13 et 14 juin arriva.
C’est par une matinée qui s’annonçait ensoleillée, que les 17 participants de la S. N. A. A. inscrits à cette sortie se rassemblèrent dès 6 h 30 samedi matin à Bourg et prirent allègrement le chemin de la Suisse via Lons le Saunier, Champagnole, Morteau…puis la frontière. Après une pause café-brioche fort agréable préparée par Mado et Muriel aux alentours de Frasne, nous entrâmes en Suisse, direction LE LOCLE où Charles Henri Pochon,
Président de la Société mycologique des Montagnes Neuchâteloises, ami de notre société depuis toujours et plus particulièrement de notre Responsable de section Gilles Thévenard, nous avait donné rendez-vous. C’est lui, qui deux jours durant nous servit de guide.
Ce fut sous sa houlette, que dès 10 h, nous pénétrâmes dans la surprenante et audacieuse architecture de Mycorama, le Palais du Champignon à Cernier -CH- pour une visite guidée de une heure. Mycorama est aussi un Centre international de Mycologie.
- Architecture surprenante et moderne dont la charpente en arc de cercle faite de bois et de béton, rappelle la courbure du chapeau des champignons. Installation sur 2 étages.
- Exposition permanente répartie sur 4 modules, chacun traitant avec réalisme des spécificités propres à chaque grand thème :
- nature et écologie : les champignons sont partout…parfois invisibles à l’œil nu
- formes et vie : depuis leur naissance jusqu’à leur reproduction en passant par leurs différents modes de vie
- science et technique : ce module est la vitrine des savoirs scientifiques connus à ce jour depuis l’observation empirique jusqu’à la classification et la détermination scientifique de chaque groupe d’espèces.
- mythes et réalités : depuis toujours, l’univers des champignons est auréolé de mystère…ronds de sorcières, effets hallucinogènes dus à l’ingestion de certains champignons…Certains phénomènes relèvent d’explications scientifiques rigoureusement contrôlées ; d’autres énigmes demeurent…
- Ces différents modules nous parlent par l’affichage papier remarquablement bien fait, par l’exposition de champignons lyophilisés (procédé moderne de conservation) par la reconstitution de mini-milieux naturels (morilles sur places brûlées) par exposition de mycéliums au travers d’une vitre, etc.…
- D’autres pôles très intéressants avaient également été mis en place, dans le cadre d’une exposition temporaire qui se terminera le 31 décembre 2009 et s’intitulaient « Démons et Merveilles » Ils traitaient notamment : de la Bioluminescence qui émane de certains champignons comme le Clitocybe de l’olivier du lien qui pourrait exister entre champignons et religions lié à la consommation de champignons psychotropes comme l’Amanite Tue-mouche du Feu de Saint Antoine avec ses effets dévastateurs dus à l’Ergot de seigle
- au rez de chaussée, la culture des champignons était expliquée au travers de gigantesques photographies et d’échantillons in vitro.
- Des bornes interactives complétaient l’ensemble.
Puis ce fut midi, et nous allâmes reprendre des forces au restaurant tout proche avec un repas délicieux terminé par une spécialité locale de « crème caramel à l’absinthe » délicieuse ma fois. Le début d’après-midi fut consacré à l’approfondissement, pour ceux qui le souhaitaient, des divers pôles de Mycorama ; les autres purent aller respirer le parfum des roses dans les jardins d’Evologia attenants.
Les heures passèrent bien vite, et nous nous retrouvâmes bientôt au siège de La Société Mycologique des Montagnes Neuchâteloises pour une visite des locaux neufs et remarquablement adaptés à l’Ecole du Champignon qui a lieu chaque lundi ; le matériel est moderne et pointu avec 5 microscopes installés en permanence dont l’un relié à un écran pour explications communes ; les ouvrages mycologiques sont abondants. Là, nous rejoignîmes Lionel Gâteau, Président du Groupe Mycologique de Morteau qui travaille de concert avec Charles Henri. Un goûter apéritif confectionné de spécialités locales -saucisses de Morteau, comté suisse, girolle au vinaigre- nous fut servi. Des vins locaux rouge, blanc, jaune accompagnaient les mets -c’était délicieux-
Un petit tour sur les crêtes environnant Morteau, histoire de nous orienter un peu, et ce fut l’heure de prendre possession de nos logements à l’Espace Morteau et de nous remettre à table pour le dîner -et Mycologie oblige- le repas débuta par une délicieuse « Croûte aux champignons » comme on sait si bien les faire dans les montagnes Neuchâteloises. Tout se passa fort bien et au lit pour un peu de repos, car le programme du lendemain était encore bien rempli.
Dimanche matin, petit déjeuner en self, chargement des bagages et direction Le Locle pour la visite guidée des « Moulins souterrains du Col des Roches » Alors là ce fut la surprise…lieu insolite s’il en est…il ne manquait que les ailes…et bien sûr le vent ! L’emplacement actuel des moulins était, à l’origine, un vaste marécage et une grotte gouffre (un emposieu) où se déversaient les eaux de la rivière Bied. En 1652, trois meuniers aménagèrent dans la grotte un moulin à deux rouages en exploitant le courant de la rivière ; en 1660, l’exploitation fut reprise puis agrandie et modernisée pendant près de 200 ans et on compta à un moment cinq rouages hydrauliques qui actionnaient : moulins, scierie, rebatte et huilière. Des canaux souterrains conduisaient l’eau de rouage en rouage tandis que des galeries et des escaliers permettaient l’entretien de la machinerie. C’était une véritable usine souterraine qui fonctionnait dans cette grotte. En 1884, le site fut racheté par la commune du Locle qui le reconvertit en abattoirs. Il servit au contrôle sanitaire lors de l’importation du bétail et la grotte de dépotoir dans lequel on jetait les carcasses des animaux abattus pour des raisons sanitaires. Gravement pollué, le site fut fermé en 1966, mais…d’aucuns décidèrent un jour, de le rénover. Nettoyage et rénovation débuteront en 1973 sur l’initiative d’un groupe d’amateurs passionnés d’histoire et de spéléologie et dureront 15 années. Les installations initiales furent partiellement restaurées (3 rouages) et le site s’ouvrit au public. C’est cette installation unique en Europe et très intéressante que nous avons visité dimanche matin complétée du Musée installé dans un bâtiment moderne à l’entrée de la Grotte. Pour visiter le site.
Puis direction « les Tourbières du Locle » toujours sous la conduite de Charles Henri Pochon, enfant du pays ayant exploité la tourbe avec sa famille dans son jeune âge. Pique-nique préparé par nos soins à la Maison des Tourbières, moment convivial et enchanteur, en pleine nature, sous un doux soleil de début d’été. Puis Charles Henri, nous fit l’amitié de nous faire une démonstration de la levée des blocs de tourbe dans une tourbière toute proche : cela consiste, après avoir dégagé la terre arable bien entendu, à découper à l’aide d’une pelle tranchante confectionnée à cet effet, des blocs de tourbe dans la couche souterraine, à les jeter en hauteur sur le bord et à les installer en croix pour le séchage ; une fois séchée à point, cette tourbe était utilisée pour le chauffage des habitations et en horticulture. Puis nous terminâmes la journée par la visite d’une tourbière en phase de revégétalisation, avec une quantité impressionnante et typique de linaire, plante caractéristique de ces milieux, ainsi que de jeunes bouleaux et quelques plantes carnivores ; des sphaignes, par place reprenaient peu à peu possession des lieux. Nous aperçûmes également de tout petits Leccinums non identifiables car trop jeunes, quelques Collybies et des Galères typiques des sphaignes ; sous les bouleaux adultes avoisinants, une colonie d’airelles croissant nonchalamment.
Puis ce fut à regret, l’heure du pot final et des au revoirs. La fin du week end avait sonné.
Un grand merci à nos amis suisses précédemment cités et à Gilles Thévenard, organisateur de ces deux belles journées naturalistes.
Diaporama de la sortie :