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Sortie Odos des hauts

A la rencontre des libellules du Bugey (01) le 13 juin 2009

Publié le mardi 23 juin 2009 par Régis KRIEG-JACQUIER

Avec un tel intitulé, certains s’étaient imaginé que nous allions découvrir les libellules des hauts d’Oran, mais il n’en était rien ! C’étaient les douces montagnes parfumées de narcisses du Bugey qui accueillaient les quelque 20 naturalistes des SNAA, FRAPNA 01 et Sympetrum pour cette sortie sous une bannière commune.


Photo Céline & Gérald GHIO: Coenagrion puella, accouplement

A Hauteville-Lompnès, le plan d’eau des Lésines (qui doit son nom aux fissures des lapiaz bugistes) est une zone artificielle creusée dans un vaste marais, le marais de Vaux, géré par le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels et qui s’étend sur la commune voisine de Cormaranche-en-Bugey.


Photo Céline & Gérald GHIO: Ischnura elegans, accouplement

Ce plan d’eau, à 765m d’altitude constitue un beau site pour l’observation des odonates.

Nous avions prévu un circuit par le marais de Vaux, mais l’intérêt qu’on porté les participants, leurs nombreuses et judicieuses questions ainsi que le nombre important de photographes ont limité notre visite à la seule rive ouest du plan d’eau.


Photo Marjorie LATHUILLIÈRE: Yves en mode reportage photo

Il fallait encore compter avec les pêcheurs, des carpistes surtout, dont l’importance des toiles de tente, matériel de barbecue, lignes équipées de détecteurs de touches rendait parfois le passage sur le chemin limité et la récolte du foin problématique.


Photo Yves DUBOIS: Marjorie dans la prairie

Notre troupe pourtant nombreuse, paraissait nettement moins vorace en espace et en dérangement ! C’est un constat que nous faisons de plus en plus souvent sur les sites naturels… Les activités se font de plus en plus nombreuses, gourmandes en espace et en tranquillité pour la faune et la flore…


Photo Françoise BLONDEL-CARETTE: Foulque macroule et son petit

Les libellules étaient au rendez-vous ! Des classiques, bien évidemment, mais surtout celles qui sont plus caractéristiques de ces milieux de montagne.


Photo Laurent TROLY: Marjorie dans l’eau

Au premier chef, Somatochlora metallica, bien représenté et apparemment émergée assez récemment si l’on en jugeait par ses belles couleurs, un vert métallique tirant sur le bleu. Une magnifique femelle, fraichement émergée, achevait le durcissement de ses téguments dans le feuillage d’un frêne, sa lame vulvaire caractéristique bien visible. Elle partageait encore l’espace avec Cordulia aenea, espèce précoce de la même famille des Cordulidés, mais aux couleurs bronzées. Les deux espèces nous ont offert quelques scènes de poursuites plutôt sympathiques. L’autre libellule de ces milieux est Gomphus pulchellus, une espèce pas vraiment limitée aux plans d’eau de montagne, mais qui y trouve très souvent un beau développement et nous permet à chaque fois d’admirer son joli vol, assez rectiligne, et qui révèle ses couleurs en se posant sur le sol ou sur une branche. On l’attendait moins à cette altitude, mais Libellula fulva était bien présente, disputant le territoire à Orthetrum cancellatum et de plus rares Libellula depressa. Une espèce que nous attendions nous fit défaut, Somatochlora flavomaculata, spécialiste des zones en voie d’atterrissement et que nous aurions certainement contactée dans le marais lui-même.

Midi approchant, nous partageâmes un bon pique nique sur le parking du plan d’eau sous un beau soleil, l’altitude rafraichissant un peu l’ardeur de ses rayons. Comme brève promenade digestive, nous poussâmes jusqu’au déversoir du plan d’eau.


Photo Yves DUBOIS: Libellula quadrimaculata

Outre une exuvie de Somatochlora flavomaculata (eh bien, là voilà !), certains d’entre nous découvrirent une belle mue de Couleuvre à collier, entière et fort bien préservée. Quelques Calopteryx virgo sillonnaient le ruisseau, mais c’est Loïc qui devint la vedette de la journée en offrant son oreille gauche à l’étreinte d’une belle Libellula quadrimaculata de la forme praenubila, aux grandes taches alaires sombres. Un pendant d’oreilles qui n’aurait pas démérité la voix de Marguerite dans l’air des Bijoux de Faust !

Loïc et une belle… *Libellula*	*quadrimaculata* f.	*praenubila*
Photo Yves DUBOIS	Photo Régis KRIEG-JACQUIER	Photo Laurent TROLY	Photo Françoise BLONDEL-CARETTE


Photo Marjorie LATHUILLIÈRE: L’inconnu des étangs Marron

Mais le temps presse, plus au nord, près du plateau de Retord, un autre monde nous attend encore…


Photo Laurent TROLY: Pyrrhosoma nymphula

Les étangs Marron ont accueilli les naturalistes de l’Ain depuis de nombreuses années. Leurs curiosités géologiques et leur richesse ornithologique et botanique se sont vues adjoindre une réputation mondiale dans le microcosme de l’odonatologie. En 2006, après une balade sur le marais de Vaux (tiens ?) Pierre Roncin, Sophie Collet et moi nous nous retrouvions au bord de ce plan d’eau. Nous devions y découvrir la Leucorrhine à front blanc, Leucorrhinia albifrons, espèce rare et protégée, presque inconnue alors du département de l’Ain. Pour aujourd’hui, impossible d’en voir une…Les étangs ont été en partie asséchés pendant la belle saison en 2008 et nous craignîmes que l’espèce en subît les conséquences.


Photo Céline & Gérald GHIO: Gomphus pulchellus et ses yeux non contigus caractéristiques de la famille

D’un autre côté, il est encore tôt dans la saison et l’hiver fut long, alors il reste un peu d’espoir pour que la station de l’espèce la plus rare du département ne soit pas disparue. Les odonates sont bien là, les Gomphes gentils (Gomphus pulchellus), et les Cordulies.


Photo Laurent TROLY: Orthetrum coerulescens

Nous trouverons également un beau Cordulegaster boltonii aux dents acérées (oui, oui, mes doigts s’en souviennent) et de jolis Orthetrum coerulescens (très affamés eux aussi).


Photo Françoise BLONDEL-CARETTE: Orthetrum coerulescens, accouplement

Yves Longeot nous fera remarquer une belle population de Hottonia palustris (à côté de laquelle j’étais passé pendant toutes ces années !)


Photo Céline & Gérald GHIO: Couleuvre à collier

et une belle Couleuvre à collier, manipulée avec soin par Benoît, notre expert, et sur le point de faire sa mue…


Photo Régis KRIEG-JACQUIER: Couleuvre à collier

Notre balade nous conduira vers l’amont, sans grande nouveauté, le passage vers un étang forestier aux eaux dramatiquement basses pour terminer par la tourbière bombée, la plus en amont des zones humides du secteur… Sans odonates visibles, elle nous permettra cependant d’observer des belles orchidées (Dactylorhiza fistulosa) et des Droséras.


Photo Régis KRIEG-JACQUIER: Drosera rotundifolia

C’est vers 19 heures que nous nous séparerons, pour ma part un peu déçu de n’avoir pas rencontré plus d’espèces, et passablement inquiet pour l’avenir de notre Leucorrhine…

*Photos de groupes*
Photo Marjorie LATHUILLIÈRE Dans la tourbière	Photo Laurent TROLY Le sourire aux lèvres	Photo Laurent TROLY Filets au vent	Photo Françoise BLONDEL-CARETTE La traque