Connaissez-vous la Fritillaire pintade ? Si vous avez parcouru les prairies du val de Saône avec les Natus au mois d’avril, il y a des chances que oui. Ses coroles pourpres inondent la plaine au sortir des hautes eaux d’hiver. Ce beau dimanche 5 avril, Pierre Roncin et moi nous promenions près de Pont-de-Vaux… Guidés par les chants d’amour du Courlis cendré, il nous a suffit de descendre vers la rivière, par les immenses prairies pour trouver ces belles clochettes de pourpre et les admirer.
Friti… comment dites-vous ?
Mais d’abord, comment doit-on prononcer le nom Fritillaire ? Le dictionnaire Littré et celui de l’Académie française ne laissent aucun doute : fri-til-lê-r’. Il faut donc le dire comme à la ville et non comme si c’était une jolie fille !
Pintade ou œuf de pintade ?
Quant à l’origine de son nom, il faut la chercher dans le latin fritillus, le cornet à jouer aux dés ; le périanthe a en effet la forme d’un cornet renversé. Pour ce qui concerne l’espèce Fritillaria meleagris, fritillaire prend pintade comme épithète, mais à l’origine, il semble bien que c’était plutôt œuf de pintade, voire de vanneau. Si le dessin en damier peut évoquer la livrée (pourtant noir et blanc) de la pintade, il se rapproche aussi des mouchetures roussâtres de son œuf. Quant à l’œuf de Vanneau huppé, le voici,
avouez qu’il y a une petite ressemblance. Je n’ai pas d’idée sur le nom vernaculaire de la Fritillaire dans l’Ain. En France, on l’appelle aussi coquelourde… En anglais, Snakes’s head lily signifie « Lis tête de serpent » et en allemand, Schachblume, Schachbrettblume font référence à l’échiquier… échiquier, damier… Pied de poule aussi, non ?
Un peu de science… Fritillaria meleagris L., 1753
Règne | Plantae | ||
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Sous-règne | Tracheobionta | ||
Division | Magnoliophyta | ||
Classe | Liliopsida | ||
Sous-classe | Liliidae | ||
Ordre | Liliales | ||
Famille | Liliaceae | ||
Genre | Fritillaria | ||
Espèce | meleagris | ||
Auteur | Carl von Linné (L.), 1753 |
Elle mesure entre 20 et 40 centimètres de haut. Elle possède un bulbe globuleux qui contient des alcaloïdes vénéneux. Sa tige est dressée. Les feuilles, au nombre de trois à cinq, sont glauques, linéaires, alternes, lancéolées et étroites. Les fleurs solitaires (ou groupées par deux ou trois) sont rose foncé, avec un dessin en damier pourpre et blanchâtre (très rarement blanc et verdâtre). Le fruit est une capsule subsphérique.
Elle est indicateur de milieu humide et Elle fleurit entre mars et mai à une altitude comprise entre 0 et 800 mètres.
Une belle à protéger…
Cette espèce bénéficie d’un arrêté de protection dans plusieurs pays, ainsi que dans plusieurs régions de France. Elle est devenue très rare, même s’il existe encore localement de belles populations, à cause, notamment, de pratiques agricoles inappropriées (drainage, labours de prairies humides, plantation de peupliers) et le bulbe est détruit par les apports de fertilisants. Pour notre département de l’Ain, elle figure dans l’Arrêté du 4 décembre 1990 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Rhône-Alpes complétant la liste nationale. Sa cueillette est donc strictement interdite. Vous trouverez de nombreux renseignements supplémentaires sur cette belle espèce sur le site de Val d’Orne Environnement