Le point de départ de l’expédition terrain se situe Place de l’Église à ETREPIGNEY dans le département du Jura.
La première observation est un magnifique Tulipier de Virginie(liriodendron tulipifera) avec ses feuilles sans pointe, trônant au centre de la place, entouré de Tilleuls à grosses feuilles (Tilia platyphyllos).
Accueil par notre guide, Monsieur TERROUX Alain, Agent ONF et de sa femme Corine qui nous offrent un café de bienvenue.
Présentation de la Forêt de CHAUX par Mr TERROUX Alain
La Forêt de CHAUX est la troisième plus grande forêt de France d’un seul tenant, un peu plus de 20 000 ha, comprenant une forêt Domaniale de 13 000 ha, entourée d’une ceinture de forêts communales détenues par une quarantaine de villages environnants.
Au XIXème siècle, c’était l’apogée des activités liées à la forêt, avec de gros utilisateurs, en particulier les salines d’Arc-et-Senans, les Forges de Fraisans, les Verreries de La Vielle Loye.
Les peuplements de la forêt de CHAUX sont constitués principalement de chênaies - chêne pédonculé ( Quercus robur ) , chêne sessile , ( Quercus petraea ), de hêtraies – hêtre ( Fagus sylvatica ). On a vu localement d’autres espèces de feuillus tels que le charme ( Carpinus betulus ), le bouleau ( Betula pendula ), le pommier sauvage ( Malus sylvestris ), l’érable sycomore ( Acer pseudoplatanus ). Le peu d’enrésinement est constitué de pin sylvestre ( Pinus sylvestris ) et de pin Weymouth ( Pinus strobus ). La forêt mesure 28 km de long par 12 km de large.
La forêt est desservie par un réseau de chemins en arête de poisson, un axe principal qui est Le Grand Contour, et des chemins latéraux pour l’accès aux parcelles. Sept colonnes en pierres dit Bornes Guidon, ont été érigées vers 1826 au centre des carrefours principaux sur Le Grand Contour, avec les directions des villages alentours.
La forêt est constituée d’une succession de petits vallons parallèles et de nombreux ruisseaux drainant l’eau retenue par son sol argileux. D’importants travaux de drainage ont été entrepris vers les années 1950.
Direction la réserve biologique intégrale de la forêt, qui est close pour ne pas subir les modifications du milieu liées aux intrusions des promeneurs et des grands animaux, afin de pratiquer des études géologiques pour l’amélioration et la gestion des peuplements. La visite est commentée par Eric LUCOT, technicien en pédologie ( sciences de l’étude des sols ) de la faculté de BESANÇON .
Le sol est constitué d’un épais glacis argileux, d’origine fluviatile ancien, aggloméré avec des cailloutis calcaires de différentes formes et couleurs. Ces cailloutis proviennent des Alpes, suite au détournement du lit du Doubs lors du soulèvement des Alpes il y a 3 millions d’années.
La Vielle Loye, cité d’activités charbonnières
Nous sommes maintenant au cœur de la Forêt a côté du village des bûcherons, dit les Baraques du 14, sur le site d’une ancienne charbonnière. Notre première occupation est le casse-croûte sorti du sac. Chacun a apporté à manger pour deux jours, saucisson, terrine, jambon, pain de campagne, gâteaux en tous genres ainsi que les bons petits plats et les fromages préparés par nos hôtes. L’hospitalité jurassienne est exceptionnelle .
Après le repas, Daniel PAILLARD et Bernard REVERCHON, deux guides passionnés nous expliquent le fonctionnement et le travail du charbon de bois à l’ancienne, la façon de couper le bois, les essences utilisées, la construction et la conduite de la charbonnière, ainsi que la construction d’un four et la façon de scier le bois de long.
Récolte Mycologique et gastronomique
Le deuxième centre d’intérêt est mycologique. Les sous-bois sont particulièrement bien fournis en champignons de toutes sortes. Comme se profile en soirée un petit souper avant d’aller écouter le brame des cerfs, tout le monde scrute les moindres recoins. Nous séparons les champignons comestibles pour la dégustation des autres champignons qui seront étudiés et déterminés. Au diable les puristes qui disent que les sorties myco ne sont pas que pour la casserole !
En route pour notre gîte d’accueil situé prés de SALANS.
Les propriétaires sont des producteurs de pommes. Nous nous installons et commençons la préparation du souper. Le tri, l’identification et la préparation des champignons mobilisent toute l’attention. Pour la casserole nous avons : des cèpes de bordeaux ( Boletus edulis ), des chanterelles ( Cantharellus cibarius ), des chanterelles à tube ( Cantharellus tubiformis ), des pieds de mouton ( Hydnum repandum et Hydnum rufescens ), des trompettes des morts ( Craterellus cornucopioides ), russule charbonnière ( Russula cyanoxantha ) , laccaire ( Laccaria ), etc…
Les champignons non comestibles ont été mis de côté pour une détermination de retour en Bresse par nos spécialistes.
Les cuisinières sont à l’œuvre, le Carpaccio pour Mado, l’omelette pour Arlette et la fricassée, champi, champi. Le Carpaccio est préparé avec les cèpes crus coupés en lamelles, salés et recouvert juste d’un peu d’huile d’olive, tout en finesse. Arlette a été prévoyante avec sa douzaine d’œufs pour nous régaler d’une omelette aux chanterelles et aux pieds de mouton. Pour le reste, une fricassée de champignons cuits au beurre. Le mariage des saveurs était superbe, arrosé des bons vins que chacun a apporté. Que du bonheur !
Les Grands Animaux de la Forêt
Une fois les estomacs bien garnis, notre forestier nous fait un exposé sur les différents grands animaux qui habitent la forêt de Chaux. La densité la plus importante est celle du cerf élaphe ( Cervus elaphus ), du chevreuil ( Capreolus capreolus ) et du sanglier ( Sus scrofa ). Le cheptel est d’environ 450 cerfs sur l’ensemble du massif, surtout sur la partie au Nord-Est de la voie ferrée Dôle-Mouchard. Le cerf est dominateur laissant peu de place au chevreuil qui ce cantonne en périphérie. La régulation du cheptel de cerfs se fait par la chasse, attribuée par lots. Le plan de chasse 2008 était de 225, réparti en tiers, un tiers de Mâles, un tiers de Biches et un tiers de Jeunes. Les chasseurs Jurassiens protestent contre ce plan de chasse qui leur semble trop élevé ( 50 % ). Des hardes hivernales importantes ont été observées pouvant être constituées d’une centaine d’animaux. La chasse représente économiquement une part insignifiante.
Le Brame
Vers 22 heures, nous partons au cœur de la forêt pour écouter le brame des cerfs. Notre forestier connaît bien son territoire. Il nous emmène sur une des longues voies vallonnées qui séparent les lots de bois. Les cerfs sont là, cent à deux cent mètres devant nous. Nous progressons un peu pour mieux les écouter. Au bout d’une petite heure, la nuit noire, l’humidité et une petite fraîcheur nous font rebrousser chemin, direction le gîte pour le coucher. Au cours du trajet retour nous apercevons deux biches et deux chevreuils.
Le Forestier, le Cerf et la Molinie !
Notre forestier aime bien sa forêt, ses chênes majestueux, ses voies bien tracées, ses petits vallons, ses sous-bois ombragés, ses cerfs légendaires, mais… ( à suivre )