Bases pour l’étude des JONCACEES
Dans le Monde on dénombre environ 400 espèces réparties en 9 genres ; c’est peu par rapport aux Astéracées qui comptent environ 25000 espèces ou aux Orchidacées qui en comptent 18000. Mais elle est présente presque sur toute la surface du globe, surtout dans les régions tempérées froides ou de montagne.
En France les Joncacées comptent environ 46 espèces en 2 genres seulement : Juncus et Luzula . Les Joncacées sont des plantes herbacées, toutefois le genre Prionium qu’on trouve en Afrique du Sud est constitué d’arbustes. Si les Joncacées peuvent être assimilées aux Liliacées pour la constitution de leurs fleurs, par contre le genre Juncus aurait certaines ressemblances avec les Cypéracées alors que le genre Luzula aurait plus d’affinités avec les Poacées.
Certains auteurs n’avaient retenu autrefois qu’un seul genre dénommant ainsi les Luzula : Juncus mais ces 2 genres diffèrent sur 3 points :
- Les gaines foliaires sont ouvertes chez les Joncs, et fermées chez les Luzules.
- Le limbe des feuilles est glabre chez les Joncs et en général poilu chez les Luzules : longs poils blancs (sauf chez L.lutea, L.desvauxii, L. spicata, L. alpinopilosa, ces 2 dernières espèces étant légèrement poilues seulement à la base).
- Le fruit a de nombreuses graines chez les Joncs et seulement une graine par loge chez les Luzules. Comme il est dit ci-dessus les fleurs de Joncacées sont semblables à celles des Liliacées mais elles sont plus petites et les pièces du périanthe (sépales et pétales) sont parcheminées alors que chez les Liliacées elles sont très colorées.
Tous les Joncs (sauf Juncus pygmaeus, J. tenageia, J. fontanesii, J. bufonius, J. ambiguus, J. sphaerocarpus, J. capitatus qui sont annuels) et toutes les Luzules sont vivaces, souvent par leurs tiges souterraines. Ce sont des plantes qui croissent en général lentement et qui caractérisent des sols pauvres, les Joncs vivant plutôt dans les terrains humides alors que les Luzules croissent dans les terrains plutôt secs.
Racines : Les racines sont cespiteuses (la plante pousse en touffes compactes) ou à tiges souterraines longuement traçantes.
Tiges : Les tiges sont cylindriques, parfois aplaties presque à 2 tranchants (Juncus anceps), sans nœuds, généralement pourvues de feuilles à la base. Les tiges des Joncs sont pleines à moelle blanche continue ou parfois interrompue (J. inflexus par exemple) ce qui constitue un critère de détermination. Souvent la tige des Joncs est prolongée par une ou plusieurs bractées, ayant l’apparence de feuilles, plus ou moins longues constituant également un critère de détermination.
Feuilles : Chez les Joncs les feuilles sont alternes , engainantes, très étroites, arrondies, creuses parfois elles comportent des cloisons transversales qui donnent à ces feuilles un aspect noueux (J. pygmaeus, J. subnodulosus, J. alpinus, J. heterophyllus, J. articulatus, J. anceps, J. acutiflorus, J. striatus, J. fontanesii). Elles peuvent être en gouttière ou aplaties, très rigides ; elles sont parfois réduites à des gaines basilaires, certaines espèces ont ces gaines prolongées d’une fine arête (J. jaquinii) ou mucronées (J. arcticus, J. balticus).
Chez les Luzules les feuilles sont minces, alternes, engainantes, plates en général semblables à celles des Poacées, il arrive d’ailleurs que certaines Luzules lors d’un examen rapide, soient prises pour une Poacée mais les longs poils blancs des feuilles et surtout à la jonction du limbe et de la gaine permettent de redresser une telle erreur.
Fleurs : Les fleurs sont noirâtres, brunâtres, verdâtres, jaunâtres ou d’un blanc verdâtre ; elles sont disposées en épis, en grappes, en cymes, en faisceaux ou en têtes. Elles n’ont ni nectar, ni parfum. Elles sont hermaphrodites ou diclines (c’est-à-dire qu’il manque soit les étamines, soit le pistil). Certaines espèces sont cleistogames c’est-à-dire que la fleur reste fermée et s’autoféconde, c’est le cas par exemple de Juncus bufonius, J. capitatus, J. pygmaeus. Les fleurs sont entourées de bractéoles membraneuses, le périanthe est également membraneux ; il ressemble ainsi aux bractéoles, il convient donc lorsque l’on veut examiner une fleur de bien l’isoler des bractéoles de façon à éviter toute confusion. Les fleurs sont construites sur le type 3 : 3 sépales 3 pétales La forme des pétales et des sépales est importante pour la détermination ; ils peuvent être tous aigus ou tous obtus ou les sépales aigus et les pétales obtus, les pétales peuvent être recourbés au sommet vers l’extérieur. La longueur des sépales peut être différente de celle des pétales. Pétales et sépales sont étalés à la floraison. - 6 étamines (parfois 3 chez certains Joncs : J. effusus, J. conglomeratus, J. capitatus, J. bufonius, J. pygmaeus) attachées à la base des pétales et sépales. Les anthères à 2 loges sont fixées par la base au filet.
1 style surmonté de 3 stigmates filiformes, velus. 3 carpelles formant un ovaire libre. 1 ovaire supère c’est-à-dire placé au-dessus des pièces florales.
Fruit Le fruit est sec, divisé en 3 loges renfermant soit un grand nombre de graines (Joncs) soit une graine par loge (Luzules). Il est déhiscent et s’ouvre en 3 valves délimitées par 3 fentes passant par le milieu des carpelles. Il est entouré du périanthe qui est persistant. Le fruit appelé capsule par certains auteurs est surmonté du restant du style dont la longueur et la forme (courbé ou droit) constitue un élément important de détermination, de même que la couleur, brun rougeâtre, roussâtre noirâtre ainsi que son aspect mat ou luisant. La grandeur du fruit par rapport aux pétales et sépales est également un élément important.
Pour obtenir une bonne identification, il est indispensable d’avoir des exemplaires matures avec la capsule bien formée. Il convient de remarquer que le Jonc des tonneliers ou Jonc des chaisiers est une Cypéracée et non une Joncacée, il s’agit du Schoenoplectus lacustris (L.) Palla ou Scirpus lacustris L. De même, le Jonc fleuri , Butomus umbellatus L. n’est pas une Joncacée mais une Butomacée.
Plantes protégées :
Juncus pyrenaeus Timb et Jeanb. est protégé au plan national.
Juncus anceps Laharpe et J. articus Willd sont protégés en Rhône Alpes.
Vous pourrez trouver plus de détails dans les articles à paraître du bulletin de la FMBDS des 2ème et 3ème trimestres 2008.
Exemples de Juncus :
Nom valide : Juncus articulatus L.
Autres noms : Juncus lampocarpus Ehrhart. Lieux de végétation : Bord des eaux, marais, endroits humides, graviers, sols détrempés ;terrains acides.
Epoque : Juin, septembre. Distribution : Commun dans toute la France. Caractéristiques : 10 à 80 cm de hauteur. Tiges rapprochées, ascendantes ou couchées radicantes ; un peu comprimées Feuilles larges de 2 à 3 mm, arrondies, fortement noueuses, espacées le long de la tige avec de longues gaines. 6 étamines à anthères égalant le filet. Les sépales sont atténués en pointe très aiguë. Les pétales sont obtus. La capsule est brun-noir luisant, brusquement mucronée, dépassant le périanthe. Rhizome traçant.
Nom valide : Juncus bufonius L.
Autres noms : Juncus divaricatus Gilibert ; Juncus ranarius Nees Habitat : Lieux sablonneux humides, bords des mares, champs argileux. Epoque de floraison : De mai à septembre. Distribution : Commun dans toute la France ; on le trouve jusqu’à 2000m d’altitude. Caractéristiques : Plante annuelle à racines fibreuses. Hauteur de 5 à 30 cm. Les tiges sont grêles, étalées ou dressées, formant de petites touffes.
Les feuilles radicales sont plus courtes que les tiges, les gaines sont sans oreillettes ; le limbe est mince, en gouttière en dessus, large d’ environ 0,5mm. La tige porte 1 à 3 autres feuilles écartées. L’inflorescence est lâche, dressée, très rameuse. Les fleurs sont solitaires, espacées de 0,5 à 2 cm le long des rameaux ; elles mesurent 5 à 7 mm de longueur. Les bractées très inégales et semblables aux feuilles qui se trouvent à la base de l’inflorescence sont en général plus courtes que cette dernière. Les sépales sont bien plus longs que les pétales ; sépales et pétales sont lancéolés en alène, à bords membraneux. 6 étamines. La capsule (fruit) est oblongue, obtuse, mucronulée un peu plus courte ou égalant les pétales.
Nom valide : Juncus squarrosus L.
Lieux de végétation : Prairies et landes humides et marécageuses, maigres, acides. Epoque : Juin, août. Distribution : Assez rare en général. Presque toute la France sauf dans la région méditerranéenne. Caractéristiques : 20 à 60 cm de hauteur. Tiges raides, généralement sans feuilles.
Feuilles très nombreuses, raides, arquées, ascendantes, toutes à la base de la tige, bien plus courtes que la tige, non noueuses, presque filiformes, en gouttière dessus, atténuées en pointe à gaine élargie et pourvue de 2 petites oreillettes dans le haut. Bractée inférieure plus courte que l’inflorescence. 6 étamines à anthères bien plus longues que le filet. Pétales et sépales de 5 à 7 mm, ovales, allongés, aigus, à large bord membraneux . Capsule brun-rougeâtre à peu près de la longueur du périanthe. Tige souterraine courte, épaisse. Forme des touffes. Vivace.
Nom valide : Juncus tenuis Willdenow.
Autres noms : Juncus gracilis Smith ; J. bicornis Michaux, J. macer Gray. Lieux de végétation : Au bord des chemins, dans les bois, pâturages humides, fossés, gazons, lieux incultes. Epoque de floraison : Juin à septembre. Distribution : Ouest, Centre, Est de la France.
Caractéristiques : 15 à 20 cm de hauteur. Tiges florifères grêles (1 mm d’épaisseur) souvent un peu arquées ayant à la base 2 à 3 feuilles longuement engaînantes. Tiges non noueuses. Feuilles : plus courtes que les tiges, en gouttière dessus, non noueuses. Bractées : 2 à 3 fois plus longues que l’inflorescence. 6 étamines. Pétales et sépales très aigus, plus longs que le fruit. Fruit presque globuleux surmonté d’une petite pointe. Plante originaire d’Amérique du Nord.
Exemples de Luzula :
Nom valide : Luzula multiflora (Retzius) Lejeune.
Autres noms : Luzula campestris ssp. multiflora (Retzius) Hartmann, Luzula erecta (Desvaux), Juncus multiflorus Ehrhart. Habitat : Prairies maigres, marais, forêts claires, endroits incultes. Epoque de floraison : Avril à mai.
Distribution : Plante assez commune en France sauf dans la région méditerranéenne. Caractéristiques : Hauteur 20 à 50 cm. Les feuilles sont linéaires, étroites 3 à 5 mm seulement de largeur, bordées de longs poils blancs. Les fleurs sont d’un brun-roussâtre , disposées en 4 à 10 groupes portés par des rameaux inégaux plus ou moins allongés et toujours dressés. Les sépales et pétales sont à peu près de même longueur : 2,5 à 3 mm. Les anthères sont légèrement plus longues que leur filet. La capsule (fruit) est ovoïde, mucronulée, égalant à peu près les sépales et pétales. La graine est appendiculée à la base. C’est une plante vivace à souche fibreuse gazonnante. La tige souterraine ne produit pas de rejets.
Nom valide : Luzula pallescens (Wahlenberg) Besser.
Autre nom : Luzula multiflora (Ehrhart) Lejeune ssp. multiflora, var pallescens Hoch. Habitat : Pelouses, bois.
Epoque : D’avril à juin. Caractéristiques : Plante vivace à souche gazonnante. Les tiges sont dressées. Les feuilles sont vert-jaune, souvent plus longues que la tige, larges de 2 à 4,5 mm, acuminées, poilues. Les fleurs sont brun-jaune pâle. La tête florale centrale est presque sessile. Les sépales et tépales sont longuement acuminés, sensiblement de même longueur, membraneux sur les bords.
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Nom valide : Luzula pilosa (L.) Willdenow.
Autres noms : Luzula vernalis DC ; Juncus pilosus L. Habitat : Forêts claires, haies, pâturages ombragés. Plante calcifuge. Epoque : De mars à mai. Distribution : Plante assez commune en France mais plus rare dans l’Ouest, manque en région méditerranéenne. Caractéristiques : Hauteur : 15 à 40 cm.
Les tiges sont dressées ou d’abord couchées puis redressées. Les feuilles sont espacées sur la tige, larges de 5 à 10 mm, longuement engainantes, ciliées de longs poils blancs. L’inflorescence est lâche et ses rameaux très inégaux, ceux –ci portent 1 à 3 fleurs et sont renversés après la floraison. Les fleurs sont brunâtres, les pétales et sépales sont de même longueur, lancéolés et aigus ; ils sont plus courts que le fruit. Les anthères sont plus longues que le filet. Les fleurs comportent à la base deux bractéoles obtuses membraneuses. La capsule( fruit) est ovoïde, à 3 angles arrondis et surmontée d’une petite pointe. La graine est brun foncé et porte au sommet un appendice courbé. Espèce vivace à souche fibreuse.
Nom valide : Luzula sylvatica (Hudson) Gaudin.
Autres noms : Luzula maxima DC., Juncus maximus Reichenbach. Habitat : Bois, brousses d’arbustes nains. Sur terrains siliceux ou argileux. Distribution : Plante assez commune en France sauf dans la région méditerranéenne. Caractéristiques : Plante robuste de 30 à 100 cm de hauteur.
La souche est très grosse et un peu rampante, horizontale. Les tiges sont dressées et forment des touffes. Les feuilles sont larges de 6 à 12 mm ; les radicales sont nombreuses, les caulinaires sont courtes, sensiblement de même longueur que la gaine, alors que les radicales peuvent atteindre 40 cm. Toutes ces feuilles sont bordées de longs poils blancs. L’inflorescence est lâche, dressée. Les fleurs sont disposées en petits groupes de 3 à 5, portées par des ramifications très inégales étalées ou renversées. Les fleurs sont brunâtres. Les sépales et pétales sont de même longueur, acuminées, à larges bords membraneux. Les anthères sont bien plus longues que le filet. La capsule (fruit) est brun foncé, ovoïde-aigüe, à peine plus longue que le périanthe. La graine est terminée par un tubercule. Epoque : De mai à août.
TEXTES et DESSINS de Georges ROGER