Souvenir :

La Mésange à longue queue ( Aegithalos caudatus)
Publié le samedi 22 mars 2008 par Pierre RONCIN

Les eaux verdâtres du Rhône glissent régulièrement le long des berges de galets. En ce jour de printemps, malgré un beau soleil, il faudrait presque un parapluie pour stationner sous les saules : en effet, les larves de Cicadelles qui se développent sur les feuilles de ces arbres s’entourent d’un manteau de petites bulles qui tombent et arrosent généreusement celui qui stationne au dessous. Tant pis pour l’averse ! Je me suis un peu enfoncé dans la lisière, pour être plus discret. Quelques Harles bièvres, au plumage éclatant, patrouillent à cinq ou six mètres de la rive. Sans doute ont-ils l’intention d’y aborder pour faire un brin de toilette au sec.

Il y a sur ma gauche, à l’entrée d’un petit bras du fleuve, trois saules très fourchus à leur base . Comme mon regard se dirige par hasard vers eux j’aperçois une sorte de boule de mousse sur laquelle quelque chose s’agite. Comme cela se passe à deux mètres de moi je n’ai aucune peine à identifier une Mésange à longue queue en train d’édifier son nid. Celui-ci aura la forme d’une boule un peu allongée…une fois terminé. Pour le moment il n’est qu’à moitié construit et a encore la forme d’une coupe. Du petit oiseau je vois la tête qui déplace des brins de lichens et la longue queue qui se dresse à l’opposé.

Hop ! un petit rétablissement, la voilà sur le bord de sa construction. Hop ! la voilà partie…Le temps de compter jusqu’à dix et elle est déjà de retour, le bec rempli de matériaux . Elle plonge dans sa coupe et le travail continue . Délicatement, sans geste brusque , j’ai sorti ma caméra et je filme. Aurai-je assez de lumière ? La petite bête s’active sans s’octroyer un instant de repos et sans tenir compte de ma présence. Il est vrai que c’est un oiseau peu farouche.

Discrètement je me retire. Je reviendrai dans deux ou trois jours : le nid sera fini . Dans quelques temps je pourrai peut être filmer le nourrissage des jeunes , en prenant beaucoup de précautions pour ne pas déranger.

Quand je suis revenu il ne restait plus trace du nid et j’ai pensé à la fable de Perrette et du pot au lait . Que s’était-il passé ? Un pêcheur vandale avait-il détruit la fragile construction juste à portée de main ? Un coup de vent intempestif avait-il jeté à l’eau la boule de mousse ? Un prédateur à poil ou à plume avait-il tout démoli en voulant capturer l’oiseau ? Un sanglier avait peut-être tout renversé en passant un peu trop près ? Mystère !

Je garde le souvenir de ce petit oiseau si confiant ou tellement accaparé par la préparation de son berceau de mousse . Il me reste le film, un peu sous-exposé…


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