Voici maintenant huit ans que la section Odonatologie a pris sa place à la SNAA. Le rythme s’est maintenant ralenti : les sorties sur le terrain, participation à des études et travaux toujours en collaboration avec le Groupe de recherche et de protection des libellules Sympetrum se sont poursuivis mais pas de conférences ni de participation à l’exposition d’automne de la SNAA, faute de participants.
Connaissance, protection et vulgarisation auront de nouveau été les thèmes centraux des activités de notre section cette année.
Comme en 2012, qui avait démarré sur les chapeaux de roues, 2014 semblait partir sous les meilleurs auspices. Mais, comme en 2013, si le tout début du printemps était prometteur, le reste de la saison, y compris l’été, fut pluvieux et venteux.
Début mai, notre rendez-vous avec les libellules de Bresse et de Dombes s’est fait sous un temps mitigé et les observations furent sporadiques. Peu de sociétaires aussi à cette sortie, moins de 5 sur les deux jours… Heureusement, en couplant le weekend avec le deuxième OdoRunAlpes de Sympetrum et la venue d’une équipe jeune et dynamique d’étudiants de licence professionnelle de l’Université de Lyon 1, le weekend fut un succès !
Le reste de la saison nous a vus intervenir en Bresse et dans le Bugey et, malgré la météo, les observations ont été nombreuses. Bugey-Nature a fait équipe avec nous cette année encore … sur Retord, aux étangs Marron, dans le Bas Bugey, au lac de Barterand, lac qui a fait par ailleurs l’objet d’un sympathique article dans le Progrès cet été …
La prospection de la Cordulie à corps fin Oxygastra curtisii, espèce protégée et emblématique, a continué sur le Suran, les rivières de Bresse et de Dombes et au cœur même de Bourg sur le plan d’eau de Renault-Trucks.
D’autres prospections dans le Bugey nous ont vus fouiller de petites vallées, de petits plans d’eau cachés des regards, l’occasion de nouvelles découvertes, sans grande surprise, certes, mais qui permettent d’améliorer la connaissance.
Le mois de juillet s’est passé pour l’essentiel loin de l’Ain, avec un colloque européen à Montpellier, suivi d’une sortie de terrain de dix jours, puis des prospections dans les Causses et la vallée du Verdon. D’autres études en Savoie et Isère.
Le point le plus triste de l’année, le plus rageant, c’est de voir toujours plus de zones humides disparaître sous les pelleteuses et les lotissements au mépris des lois, un gâchis pour la biodiversité et l’assurance aussi de lendemains dramatiques avec leur cortège d’inondations ou de sécheresse suivant la saison, de quoi dégoûter le naturaliste. Quelle nature allons nous léguer ? des photos ? des récits ?
Certes nos efforts ont permis de faire évoluer certains sites vers le statut d’Espace naturel sensible (ENS) et assurer un peu de répit à ces milieux précieux. L’homme va-t-il se résoudre à vivre « à côté » de maigres traces de nature sous cloche, ou la sagesse le fera-t-il redonner plus de place aux espaces naturels et à la biodiversité ? Le naturaliste est en droit de s’interroger, et pas seulement parce que, comme on a pu le lire sur le blog d’un élu du département, la « nature serait son terrain de jeu » !
Mi-août, un petit groupe d’entre nous est parti aux confins du Doubs et du Jura, sur ces tourbières et sur les rives de ces lacs où Daniel Grand nous avait emmenés découvrir des espèces rares et discrètes. Marquée par le souvenir de notre ami, cette journée de pélerinage nous a réservé un festival d’observations : bien des espèces étaient là, bien visibles, sous un ciel pur et un soleil radieux, encore un bien bel hommage au « Monsieur des libellules ».
Côté bouquins, le Guide photographique des libellules de France, édité par Sympetrum et Gard Nature, arrive à épuisement et ne sera pas reconduit : non qu’il n’ait pas marché, bien au contraire, mais parce que de nouveaux projets sont en cours et en raison de la sortie d’un guide de terrain émanant du désormais classique et incontournable « Grand et Boudot » de chez Biotope (pour moins de 25 euros), un avatar plus facile à caser dans la poche que le bel ouvrage paru en 2006 et augmenté du travail remarquable de Guillaume Doucet sur les exuvies.
En marge des libellules, nos rencontres avec André Nel du Museum National d’Histoire Naturelle se sont poursuivies et, en septembre, nous avons eu la chance de voir la sortie de notre article sur la découverte (entre autres) d’une sorte de Gerris du Jurassique qui répondra désormais au doux nom de Gallomesovelia grioti … Eh oui, un hommage à notre chère amie Claire Griot, sans qui cette belle aventure à Orbagnoux n’aurait pas eu lieu …
Il s’agit, comme l’annonçait Sciences et Avenir sur son site web, de la « découverte de la plus ancienne araignée d’eau fossilisée ». Vous trouverez donc notre article :
Nel A, Nel P, Krieg-Jacquier R, Pouillon J.M et Garrouste R, 2014 - Exceptionally preserved insects fossils in the Late Jurassic lagoon of Orbagnoux (Rhône Valley,France) - PeerJ 2 : e 510 ;DOI 10.7717/peerj.510,p.1-16 téléchargeable à :
http://peerj.com/articles/510/
J’espère que vous serez nombreux le premier weekend de mai, pour aller découvrir les libellules de Bresse et de Dombes et que 2015 apportera une nouvelle moisson d’observations et de découvertes.
Article rédigé par Régis Krieg-Jacquier